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Histoires Web mercredi, mai 14
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Le moteur tousse. Le pied sur l’accélérateur, Ismaïl Mohammed lance son tracteur à l’assaut des champs. Des parcelles verdoyantes, dont les brins de céréale ondulent sous les bourrasques, défilent sous ses yeux. « Ici, nous cultivons de tout : du blé, du coton et des légumes, des tomates, des aubergines, des pois chiches ou encore du maïs », liste l’homme de 67 ans, longue barbe grisonnante, coiffé d’un keffieh rouge, bataillant avec son large volant sur la piste sableuse, le 29 avril.

A Al-Jaffra, hameau situé à 9 kilomètres au sud de la ville de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, l’apparente luxuriance des berges de l’Euphrate, qui coule à quelques dizaines de mètres, ne doit pas tromper les visiteurs non avertis. « Avant c’était bien plus vert. On avait l’impression d’être au paradis », se remémore le sexagénaire, nostalgique. Au-delà des terres irriguées, rongées par le désert de la Badiya situé à l’ouest, un paysage de poussière s’ouvre à perte de vue. « Je n’ai jamais vu une telle sécheresse de ma vie », se désole M. Mohammed.

Sa première récolte, depuis son retour, « sera sans succès », prédit cet agriculteur « depuis toujours ». En 2012, lorsque le ciel s’est mis à cracher les bombes larguées par l’aviation du régime de Bachar Al-Assad, il a fui avec sa femme, Hamouda Hamadi, 62 ans, leurs cinq enfants, leurs 10 vaches et leurs 50 moutons. Comme près de 60 % de la population syrienne, ils ont été déplacés, errant d’un camp à l’autre dans le Nord-Est syrien, obligés de vendre leur bétail pour survivre. « Une vie humiliante », selon ses mots. Après la reprise de la région par Al-Assad, il a vérifié qu’il n’était pas recherché par les services de renseignement, avant de rentrer, au printemps 2024. Le « soulagement » de retrouver sa terre a vite été éclipsé par la désolation.

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