Le gouvernement veut « compléter » la rédaction du texte sur l’aide à mourir pour un accès encore plus encadré, en définissant plus strictement le droit de recours par des malades en « phase avancée » et rétablissant le délai de réflexion de 48 heures, a annoncé, dimanche 11 mai, la ministre de la santé, Catherine Vautrin.
Sur ce sujet sensible de la fin de vie, « il y a une forte attente des Français mais elle doit être strictement encadrée. Le chemin est étroit et je recherche un équilibre entre ceux qui voudraient aller beaucoup plus loin et ceux qui estiment que le cadre actuel est suffisant », souligne la ministre en quête d’« un équilibre » sur ce texte, dans une interview au Parisien, publiée à la veille du démarrage des débats dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
« Il ne s’agit pas de milliers de cas, ce sont des situations précises », plaide la ministre, assurant aussi que « ce n’est pas une légalisation de l’euthanasie ». En l’état, le texte sorti de la commission des affaires sociales entend permettre à des malades, avec une « affection grave et incurable » qui « engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale » et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s’administrer une substance létale.
« Je [le] complète avec les récentes préconisations de la Haute autorité de la santé (HAS) pour que l’accès à l’aide à mourir soit très encadré. Le gouvernement va déposer un amendement pour définir la “phase avancée”, à savoir “l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé qui affecte la qualité de vie” », fait savoir la ministre.
Divisions au sein même du gouvernement
Comme « le discernement est absolument majeur », elle va aussi déposer « au nom du gouvernement un amendement pour rétablir le délai de réflexion incompressible de 48 heures à compter de l’accord des médecins ».
Sur l’injection du produit, « le patient doit s’administrer la substance létale, cela doit être la règle », insiste la ministre, et « la réalisation par un professionnel de santé sera l’exception, même s’il y aura toujours la présence d’un soignant en cas d’auto-administration ».
Catherine Vautrin, que ses « expériences de vie (…) ont fait évoluer » sur le sujet, notamment en raison de la maladie de Charcot d’un de ses proches, ne donne « aucune consigne » de vote mais espère « un consensus éclairé autour d’un texte équilibré ».
Quant à savoir si cette réforme, qui divise jusqu’au sein du gouvernement et n’a eu de cesse d’être retardée, sera adoptée avant la fin du quinquennat, la ministre se veut « extrêmement prudente » mais juge que « cela serait une bonne chose ».
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Le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, issu des rangs des Républicains, a, lui dénoncé samedi ce texte, tandis que la chanteuse Line Renaud et l’ex-premier ministre macroniste, Gabriel Attal, ont cosigné une tribune le défendant.