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Histoires Web jeudi, mai 8
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LA LISTE DE LA MATINALE

Cette semaine, « Le Monde des livres » vous invite à lire le nouvel essai de Vincent Debaene, qui rend les premiers écrivains africains francophones à la littérature ; le recueil de poésie (mais pas seulement) de Stéphane Bouquet, riche de beauté et d’émotions ; le nouveau roman de Philippe de la Genardière, dans lequel Césaire dit adieu à Sofia, dans un face-à-face entre la vie et la mort ; une anthologie de poésie malgache, d’une puissante diversité de voix, de styles et d’engagements ; enfin un roman biographique sur la grande écrivaine Elsa Morante, signé Angela Bubba.

ESSAI. « La Source et le signe », de Vincent Debaene

Dans le magistral La Source et le signe, Vincent Debaene commence par nous faire redécouvrir un corpus négligé : les travaux d’information linguistique, ethnographique ou historique réalisés par les élèves de l’Ecole normale William-Ponty (Sénégal), qui formait, avant les indépendances, les instituteurs et les cadres de l’Afrique-Occidentale française.

Les valeurs du monde noir y étaient célébrées – à condition que les brillants élèves qui s’y consacraient n’y troquent pas leur savoir contre une parole autonome, a fortiori littéraire. Il convenait donc d’objectiver le discours des sujets noirs, considérés soit comme une « source » (pour une science coloniale à venir), soit comme un « signe » (de la mentalité indigène).

Vincent Debaene traite ensuite du développement, entre les années 1920 et les années 1950, d’une « littérature indigène d’expression française », longtemps envisagée comme un exemple de « littérature aliénée ». Pour lui, toute la question est de savoir si nous sommes capables d’y voir autre chose que les traces d’un système colonial. Là se situe la troisième ambition de l’auteur : parier résolument sur le caractère littéraire de ces textes.

C’est tout l’intérêt du geste accompli par Vincent Debaene : montrer que lire en littéraire, en visant l’actualisation qu’autorise l’attention à la forme d’un texte, représente une fidélité supérieure à l’intention profonde de son auteur – telle du moins que la comprend chaque lecteur, qui en pluralise le sens. C’est-à-dire une fidélité à ceux qui entendaient signer leurs textes, même prisonniers des contraintes coloniales. J.-L. J.

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