Sur fond de tensions accrues avec l’Inde, le Pakistan a effectué, lundi 5 mai, un deuxième essai de lancement de missile, au moment où le chef de la diplomatie iranienne, qui se propose comme médiateur, arrivait à Islamabad, avant de se rendre à New Delhi. « Le Pakistan a mené aujourd’hui un lancement test réussi d’un missile sol-sol Fatah, d’une portée de 120 kilomètres », a rapporté l’armée dans un communiqué, sans donner davantage de précisions.
La défense du Pakistan est « entre de bonnes mains », s’est félicité le premier ministre, Shehbaz Sharif, après cet essai, dont l’objectif, selon l’armée, était de « préparer » les troupes et de « valider » notamment « le système de navigation avancé du missile ainsi que sa précision ». L’armée pakistanaise avait déjà effectué, samedi, un essai de lancement de missile sol-sol « d’une portée de 450 kilomètres », sans préciser le lieu de l’exercice.
L’Inde tient le Pakistan pour responsable de l’attaque qui a tué, le 22 avril, 26 civils dans la partie du Cachemire qu’elle administre, un attentat qui n’a pas été revendiqué et dans lequel Islamabad nie toute implication. Depuis que le premier ministre indien, Narendra Modi, a donné son autorisation la semaine dernière pour une « riposte » militaire après l’attentat de Pahalgam, le Pakistan dit avoir des « informations crédibles » sur une frappe indienne imminente.
En Inde et au Pakistan, l’Iran en médiateur
Dans ce contexte, le premier ministre pakistanais a décidé de reporter une visite officielle en Malaisie prévue vendredi, annonçant qu’il l’effectuerait « dans le courant de l’année ». M. Sharif doit s’entretenir lundi avec le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, « arrivé à Islamabad pour une visite officielle », alors que l’Iran a proposé sa médiation. « Le Pakistan veut exposer sa vision aux pays amis », a déclaré lundi à des journalistes le ministre de l’information, Attaullah Tarar, lors d’une visite dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan.
Le chef de la diplomatie iranienne est ensuite attendu jeudi à New Delhi dans le cadre de sa médiation. Le ministre « doit visiter l’Inde ce jeudi après ses entretiens avec les responsables pakistanais à Islamabad », a annoncé lundi l’ambassade iranienne à New Delhi sur X. « Nous ne voulons pas que les tensions prennent de l’ampleur dans cette région et nous ferons tous les efforts pour aider à la désescalade entre les deux pays », a affirmé, de son côté, lundi le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaeil Baghaei. Le Kremlin a appelé, quant à lui, l’Inde, son allié proche, et le Pakistan, également son partenaire, à « prendre des mesures (…) qui permettront d’apaiser les tensions », par la voix du porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
L’Inde et le Pakistan revendiquent tous deux la souveraineté de l’ensemble du Cachemire, territoire à majorité musulmane, depuis la partition sanglante qui a suivi leur indépendance en 1947. Les deux puissances nucléaires rivales s’accusent mutuellement de soutenir des groupes armés de l’autre côté de leur frontière. Depuis le début de ce nouvel épisode de tensions, le gouvernement pakistanais s’est entretenu avec plus d’une vingtaine de chefs d’Etat, selon le ministre des affaires étrangères du pays, Ishaq Dar.
« La réplique pourrait être bien pire »
En 2019 déjà, après une attaque meurtrière contre ses soldats, l’Inde avait procédé à un raid aérien au Pakistan douze jours plus tard, auquel Islamabad avait riposté. Le Pakistan avait capturé un pilote indien, avant de le remettre à son pays, et les hostilités avaient rapidement cessé grâce à une médiation américaine. « La dernière fois, nous avons abattu deux de leurs avions ; cette fois-ci, la réplique pourrait être bien pire », a mis en garde lundi M. Tarar.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Après une salve de sanctions diplomatiques, des accords rompus et des visas annulés dans les deux pays, les 15 millions d’habitants du Cachemire – côtés pakistanais et indien – vivent de nouveau dans la peur. Au Cachemire indien, une vaste chasse à l’homme se poursuit à la recherche des assaillants de l’attentat du 22 avril.
Anticipant des actions militaires indiennes, le Cachemire pakistanais a fermé pour dix jours ses 1 100 écoles coraniques. Dans les 6 000 écoles publiques, toujours ouvertes, les autorités locales ont lancé il y a quelques jours des formations aux premiers secours.