Le président de la République française, Emmanuel Macron, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, veulent séduire les chercheurs étrangers, particulièrement menacés aux Etats-Unis par les politiques de l’administration Trump, en organisant, lundi 5 mai, la conférence « Choose Europe for Science ». Des incitations financières susceptibles d’attirer des scientifiques installés aux Etats-Unis pourraient y être évoquées.
L’événement, qui va réunir des représentants des universités européennes et des commissaires européens ainsi que des ministres de la recherche, sera clôturé en fin de matinée par le président français et la présidente de la Commission européenne, dans les locaux historiques du prestigieux campus universitaire de ma Sorbonne, au cœur de Paris.
Emmanuel Macron avait annoncé la tenue de la conférence à la mi-avril, au moment où était lancée une plateforme Choose France for Science. Avant l’annonce d’une initiative similaire du Centre national de la recherche française (CNRS), premier organisme européen en nombre de chercheurs. Il s’agit de montrer, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reflux ou de menaces, que l’Europe est un continent d’attractivité », selon l’Elysée.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, les chercheurs et les universités sont dans le collimateur du gouvernement américain et ont peur pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche minées, et financements sabrés.
« Des crédits » doivent être annoncés pour la France
La conférence de lundi mêlera annonces concrètes et réflexions sur l’avenir. Pour la France, « il y a des crédits, il y a des montants » qui seront annoncés, éventuellement sous la forme d’incitations fiscales, a précisé un conseiller du président Macron.
La plateforme Choose France for Science indique que l’Etat pourrait abonder jusqu’à 50 % de certains projets de recherche, au mérite. Mais les opérateurs attendent une annonce sur l’enveloppe globale qui sera allouée.
L’initiative fait grincer les dents des syndicats français de l’enseignement supérieur et de la recherche qui la jugent « choquante, voire indécente ». Ils dénoncent le « sous-financement chronique » du secteur, des « regroupements forcés » d’établissements, mais aussi « des atteintes quasi incessantes à la liberté académique », en rappelant les polémiques sur le « wokisme » à l’université.
Rien n’a encore filtré d’éventuelles mesures que pourrait annoncer Ursula von der Leyen, qui a fait savoir mardi que Bruxelles ferait des « propositions pour aider les scientifiques et les chercheurs à “choisir l’Europe” ».
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Il s’agit de rendre plus attractifs la France et le Vieux Continent, où les rémunérations et les montants consacrés aux chercheurs et à la recherche sont très en deçà des Etats-Unis. Même si le continent dispose d’atouts indéniables en la matière, que ce soit dans la qualité de ses infrastructures de recherche pour leurs travaux ou dans le cadre d’accueil pour leurs familles.
Le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège également présents
Ces annonces seront fléchées vers la recherche dans les domaines de la santé, du climat et de la biodiversité, du numérique et de l’intelligence artificielle, de l’espace ou encore de l’agriculture, selon l’Elysée.
L’événement se tiendra dans un format « européen au sens large », selon l’Elysée, avec des Britanniques, des Suisses et des Norvégiens. La matinée comprendra deux tables rondes, incluant des universitaires et des industriels américains. L’une d’entre elles portera sur le thème des libertés académiques et de la contribution de la recherche aux biens publics mondiaux, comme notamment les bases de données, dont beaucoup sont internationales, et dont l’accès pourrait être menacé par des décisions de l’administration américaine.
La deuxième étudiera justement les moyens de lutter contre les dépendances européennes dans le domaine de la recherche. Mais aussi les orientations stratégiques à prendre en matière à la fois « de financement, d’innovation et de structuration de la recherche au niveau français et au niveau européen », selon un conseiller de l’Elysée.
En effet, toujours selon cette source, le désengagement américain de nombreux partenariats « peut avoir des conséquences sur notre sécurité, notamment en matière de veille sanitaire et aussi sur des grands programmes de coopération », comme ceux liés au climat.
La journée se poursuivra avec une réunion de ministres européens de la recherche, à l’invitation de leur homologue français, Philippe Baptiste. Il accueillera à son ministère des présidents d’universités et grands instituts de recherche européens.