Comment exposer les banlieues ? Le sujet est bien trop vaste pour que toutes les questions qui s’y entrecroisent puissent être traitées par une exposition : les politiques, les sociales, les économiques, les culturelles, etc. Les commissaires de « Banlieues chéries » le savaient et savaient aussi que l’espace que leur propose le Musée national de l’histoire de l’immigration n’est ni très vaste ni très simple.
Aussi n’ont-elles pas cherché à tout traiter, mais à mettre en évidence quelques points principaux ; ni à présenter une histoire et une géographie complètes, mais à se concentrer sur quelques moments et quelques lieux, avec un très fort tropisme pour l’Ile-de-France. Aussi l’une des grandes qualités de l’exposition est-elle d’appeler à ce que d’autres la suivent, de sorte que ces zones que l’on dit « périphériques » ne soient plus considérées comme telles. Dans chaque section, une ou plusieurs œuvres opèrent comme des allégories autant que comme des documents : elles suggèrent et symbolisent autant qu’elles racontent.
On le sait dès l’entrée puisque les premières images sont celles du film d’Henri Verneuil Mélodie en sous-sol, sorti en 1963. Jean Gabin, après un séjour en prison, revient chez lui, à Sarcelles (Val-d’Oise). Il ne reconnaît rien, ne retrouve pas la rue de son pavillon et finit par découvrir qu’il est désormais coincé entre les immeubles monumentaux de la ville nouvelle.
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