Cela faisait treize ans que Pierre Ferracci attendait ce moment. En 2012, le dirigeant avait pris la présidence du Paris FC (PFC), qui végétait alors en National – le troisième échelon du football français –, avec le rêve de le faire remonter en Ligue 1. Ce rêve est devenu réalité, vendredi 2 mai, grâce au nul du club sur la pelouse de Martigues (1-1), conjugué à celui de Metz contre Rodez (3-3). Deuxième de Ligue 2, avec quatre points d’avance sur le FC Metz, qui occupe la troisième place du classement, le PFC ne peut plus être rejoint à une journée de la fin du championnat.
Pour les supporteurs, l’attente aura été plus longue encore. Leur club, fondé en 1969, n’a évolué que trois saisons dans l’élite du football français, la dernière fois en 1978-1979. Cette saison, ils auront donc vécu deux événements historiques : cette remontée en Ligue 1 validée et, plus tôt dans la saison, le rachat du club par la famille Arnault, devenue actionnaire majoritaire et qui prendra seule sa direction à l’issue de l’exercice 2026-2027.
Les millions d’euros des proches de l’homme le plus riche de France n’ont pas encore dopé le PFC, ce qui fait de cette accession à la première division la réussite du projet porté depuis plusieurs années par Pierre Ferracci. Le patron du groupe Alpha aura cependant été aidé par la perspective de l’arrivée des Arnault : le deal presque conclu, il s’était permis de muscler le budget de la saison 2024-2025.
Un passage délicat au début de l’hiver
Cela lui avait permis de miser sur des joueurs courtisés par des écuries de Ligue 1 – Jean-Philippe Krasso, Maxime Lopez – tout en leur vendant l’arrivée d’investisseurs ambitieux, sans en ébruiter le nom. Le pari a donc été tenu, mais le PFC s’est fait peur cette saison, au point de voir apparaître le spectre des échecs des dernières années. Le club parisien s’était rapproché de la Ligue 1, mais avait craqué à quatre reprises lors des playoffs de promotion (2019, 2021, 2022, 2024).
« Tout le monde sait qu’on va finir par y arriver », annonçait Ferracci au Monde, au début de novembre. Son équipe occupait alors la première place du classement de la Ligue 2. Est-ce l’impact de l’annonce fracassante de l’entrée de la famille Arnault au capital ? Dans les semaines qui ont suivi, le PFC n’a remporté que deux victoires en neuf matchs de championnat entre la fin du mois d’octobre et la mi-janvier.
« Ils [les Arnault] nous ont dit que si on restait deux ou trois ans en Ligue 2, ce n’est pas un problème pour eux », nous avait confié Ferracci. Une saison supplémentaire – voire plus – dans l’antichambre de la Ligue 1, ce n’était pourtant pas l’idée que se faisaient les supporteurs du PFC après le rachat. Poussés par cette attente populaire, les joueurs de Stéphane Gilli auront réussi leur sprint final, avec huit victoires et seulement une défaite lors des dix derniers matchs.
« S’installer dans la première partie de tableau »
La ville de Paris aura donc droit à son derby la saison prochaine, et il s’agira de l’un des plus rapprochés au monde : le Parc des Princes et le stade Jean-Bouin ne sont distants que d’une cinquantaine de mètres. Le PFC va en effet quitter son fief de l’est parisien et le stade Charléty – où il va disputer son dernier match contre Ajaccio, samedi prochain, lors de l’ultime journée de Ligue 2 –, pour investir l’antre de l’ouest de la capitale.
Un changement d’écrin indispensable pour le changement de dimension du club, qui va certainement se montrer actif lors du marché des transferts cet été, tout en évitant de « surpayer des joueurs et [de] faire des choses incohérentes », prévenait au Monde, en novembre, François Ferracci, le fils du président et directeur sportif du PFC. Dans cette entreprise, le promu sera épaulé par le groupe Red Bull, qui a également investi dans le projet pour apporter son expertise sportive.
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« Dès qu’on monte en Ligue 1, il nous faudra nous installer dans la première partie de tableau », assurait Pierre Ferracci. Le dirigeant de 72 ans, fou de joie au coup de sifflet final à Martigues, vendredi, cédera la présidence du PFC à Antoine Arnault à l’issue de la saison 2026-2027. Dans quelle situation ? « En Ligue 1 et en Coupe d’Europe, mais pas forcément en Ligue des champions », espérait-il. Avec cette montée, le PFC peut se mettre à « rêver plus grand », comme le Paris Saint-Germain, son voisin et nouveau rival. A condition de se maintenir dans l’élite dès la saison prochaine.