Une nuit de novembre 1993, sur la route de Bergues (Nord), un chauffard alcoolisé double la file de voitures sans repérer la moto, qu’il happe sur son passage, projetant l’engin en l’air, et son jeune conducteur par terre. « Quand j’ouvre les yeux, allongé sur la route, je vois que ma jambe est partiellement arrachée. Je ferme les yeux. C’est un cauchemar, et je vais me réveiller… J’ai été amputé de la moitié de la jambe gauche le soir même à l’hôpital de Dunkerque. J’avais 23 ans, raconte Laurent Thirionet, 54 ans aujourd’hui. Ce jour-là, si quelqu’un m’avait dit que je deviendrais champion du monde en paracyclisme et manageur de l’équipe de France de cette discipline aux Jeux paralympiques de Paris, j’aurais rigolé ! »
Mèches brunes, regard déterminé, allure svelte, Laurent Thirionet exerce, en parallèle de sa carrière sportive, le métier d’architecte-conducteur de projets architecturaux à la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD). En cette journée ensoleillée de mars, ce fonctionnaire territorial reçoit dans son bureau, au quatrième étage de la grande bâtisse en briques rouges, sur le port de la ville du corsaire Jean Bart. C’est grâce à une convention d’insertion professionnelle signée il y a une trentaine d’années par Michel Delebarre, alors maire de Dunkerque, avec la fédération de paracyclisme, le ministère des sports et la CUD, que le tout jeune diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille a pu bénéficier d’un emploi du temps aménagé. « Cela m’a permis de mener en parallèle mon métier d’architecte et ma carrière sportive », reconnaît le quinquagénaire.
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