Dans le courant du mois de mars, à une dizaine de jours d’intervalle, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, s’est demandé sur Sud Radio « si le logement social doit continuer à exister en France tel qu’il existe ». Tandis que Guillaume Kasbarian, ancien ministre du logement et député (Renaissance) d’Eure-et-Loir, défendait sa proposition de loi sur la « fin du maintien à vie dans le logement social ».
Le Rassemblement national (RN) a de longue date fait des HLM un sujet de prédilection, en réclamant de « donner la priorité aux Français » pour l’accès au logement social, afin de contrer une chimérique « préférence étrangère ».
C’est désormais à la droite libérale de recourir aux formules démagogiques contre un parc social qui loge 10,5 millions de personnes, et de proposer des solutions trop simples à une crise du logement profonde et complexe : des prix immobiliers prohibitifs, près de 3 millions de ménages en attente d’un logement HLM et une pénurie historique de locations dans le parc privé.
Quel est le projet de M. Darmanin ? Déplorant que l’« on dépense des dizaines de milliards d’euros pour le logement social et qu’on [ait] autant de difficulté », le ministre dit « rêver » que « tout le monde en France, dans sa vie, puisse être propriétaire ». Comment ? Avec ces « dizaines de milliards d’euros d’aides publiques, d’aides fiscales, mettons en place des prêts à taux zéro pour absolument tous les Français éligibles au logement social », a-t-il précisé à Lille, à l’occasion du congrès d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, le 16 mars, en appelant à « arrêt[er] même l’esprit du logement social ».
Locataires plus âgés
Les outils d’accession sociale à la propriété existent déjà, mais le prêt à taux zéro permet en réalité de ne solvabiliser qu’une partie des ménages. Comme l’indique l’Insee dans une étude publiée au début du mois d’avril, le parc social loge des personnes de plus en plus fragiles : 34 % des ménages vivant dans le parc social sont pauvres en 2022 (+ 5 points en six ans). Ils sont aussi plus âgés, la moitié d’entre eux dépassant 53 ans. Des profils qui n’ont pas un accès facile au crédit, tant s’en faut, et qui pourraient ne pas être en mesure de faire face aux charges et aux travaux d’une copropriété.
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