Cinquante-quatre militaires béninois ont été tués, la semaine dernière, dans une attaque djihadiste présumée dans le parc national du W, dans le nord du Bénin, région de plus en plus confrontée à des attaques attribuées aux islamistes venant de pays voisins, selon un nouveau bilan annoncé par le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, mercredi 23 avril.
Il s’agit du plus lourd bilan officiel depuis le début des attaques djihadistes dans le nord du pays, région ciblée par des islamistes venant du Burkina Faso et du Niger, pays sahéliens minés par des groupes armés affiliés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique.
Le 17 avril, des combattants islamistes présumés ont attaqué deux positions des soldats antidjihadistes de l’opération « Mirador » au niveau des chutes d’eau de Koudou et du triple point, nom donné à la zone frontalière entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso. Le premier bilan officiel, donné le lendemain, faisait état de huit morts.
L’attaque a été revendiquée quelques jours après par le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida, qui évoquait plus de 70 militaires béninois tués. « Même si ça ne fait pas les 70 et plus que les gens ont annoncé, c’est beaucoup… Les soldats qui sont tombés, ce sont nos enfants, ce sont nos parents, ce sont nos amis », a déclaré Wilfried Léandre Houngbédji. Début janvier, 28 militaires béninois avaient déjà été tués au niveau du triple point dans une attaque revendiquée, elle aussi, par le GSIM.
Coopération défaillante
M. Houngbédji a ensuite regretté une coopération défaillante, sans toutefois les nommer, avec les autorités burkinabées et nigériennes. « Les points où ces attaques du 17 avril sont intervenues sont sur la ligne frontière, vous pouvez comprendre que si, de l’autre côté de la frontière, il y avait un dispositif au moins comme le nôtre, ces attaques ne se dérouleraient pas de cette façon ou ne se produiraient même pas », a-t-il poursuivi.
« Nous ne céderons pas. Nous avons une conviction : c’est que tôt ou tard nous arriverons à bout de ces criminels et de leur entreprise mortifère », a insisté le porte-parole du gouvernement. Le président béninois, Patrice Talon, avait déploré mi-mars les relations « dégradées » avec ses voisins du Niger et du Burkina Faso et l’absence de coopération sécuritaire qui rendent difficiles, selon lui, la lutte contre le terrorisme.
Le Niger et le Burkina Faso sont gouvernés par des juntes militaires souverainistes qui ont tourné le dos à l’Occident. Ces deux pays accusent le Bénin d’abriter des bases militaires étrangères en vue de les déstabiliser, ce que Cotonou nie.
En janvier 2022, le Bénin a déployé près de 3 000 soldats pour sécuriser ses frontières dans le cadre de l’opération « Mirador », avant de recruter 5 000 soldats supplémentaires pour renforcer la sécurité dans le Nord.