Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé mardi 22 avril être « contraint d’interrompre le traitement de 650 000 femmes et enfants souffrant de malnutrition en mai ». Le PAM prévoyait de fournir une assistance nutritionnelle vitale à 2 millions de mères et d’enfants en 2025. Sans aide d’urgence, 3,6 millions de personnes n’auront plus accès, « dans les semaines qui viennent », à l’aide alimentaire, a averti dans un communiqué l’organisation onusienne.
Outre l’arrêt des programmes d’aide sous l’égide de l’Agence américaine pour le développement international (Usaid) décidé par Donald Trump lors de son retour à la Maison Blanche, plusieurs pays occidentaux ont taillé dans leurs dépenses en la matière. Ces coupes claires interviennent alors que l’Ethiopie, géant d’Afrique de l’Est d’environ 130 millions d’habitants, est confronté à de nombreux défis.
Une sanglante guerre civile a opposé les forces fédérales à des rebelles et ravagé, entre novembre 2020 et novembre 2022, la région septentrionale du Tigré, faisant au moins 600 000 morts. Les armes se sont tues, mais environ 1 million de personnes, sur une population d’environ 6 millions avant la guerre, sont toujours déplacées.
Des conflits armés ont toujours lieu dans les deux régions les plus peuplées du pays, l’Amhara et l’Oromia, déplaçant des centaines de milliers de personnes. « Les conflits en cours, l’instabilité régionale, les déplacements, les conditions météorologiques extrêmes et les chocs économiques ont laissé plus de 10 millions de personnes confrontées à la faim et à la malnutrition », a souligné l’agence onusienne.
Un déficit de 222 millions de dollars
L’Ethiopie fait également face à un afflux de réfugiés en provenance de pays frontaliers, notamment du Soudan, confronté depuis avril 2023 à une guerre civile, et du Soudan du Sud, en proie à une instabilité chronique depuis son indépendance. Le pays enclavé de la Corne de l’Afrique est aussi confronté à des épisodes intenses de sécheresse, notamment en région Somali.
Malgré des besoins croissants, le PAM « [s]’attend à recevoir un peu plus de la moitié du financement de l’année dernière pour [ses] opérations en Ethiopie ». L’agence onusienne est confrontée à un « déficit de financement de 222 millions de dollars entre avril et septembre 2025 », a-t-elle alerté.
Selon un rapport publié la semaine dernière par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « l’aide internationale fournie par les donneurs publics a diminué de 7,1 % en termes réels par rapport à 2023 ». Selon l’OCDE, « il s’agit de la première baisse après cinq années consécutives de hausse ».
Une diminution que l’OCDE explique « par un recul des contributions aux organisations internationales, ainsi que par un fléchissement de l’aide à l’Ukraine, une baisse de l’aide humanitaire et une réduction des dépenses consacrées à l’accueil des réfugiés dans les pays donneurs ».