Le rugby abîme les corps, ce n’est plus à démontrer. Il abîme aussi les têtes et les esprits, le témoignage édifiant de Sébastien Chabal est venu le rappeler. Le 10 avril, l’ancien international de 47 ans a confié, au détour d’une interview fleuve dans l’émission « Legend » sur YouTube, ne plus avoir « aucun souvenir d’une seule seconde d’un match de rugby » ni de la naissance de sa fille. Conséquence, disait-il froidement, des « pets au casque » qu’il a pris au cours de plus de quinze ans de carrière au plus haut niveau, riche de 62 sélections en équipe de France.
Les propos de l’ex-troisième-ligne aux plaquages ravageurs, passé notamment par les clubs de Bourgoin-Jailleu et du Racing 92, ont redonné de l’écho à un problème bien connu du rugby : les commotions cérébrales. Et ils devraient rester à l’esprit des acteurs de la 21e journée du Top 14, samedi 19 et dimanche 20 avril, comme sur les terrains des championnats amateurs.
« J’ai été choqué, attristé pour lui, d’autant que Seb n’était pas recensé parmi les joueurs commotionnés. Ça fait peur, ça peut arriver à tout le monde », relate, encore abasourdi, Guilhem Guirado, l’ex-capitaine et talonneur du XV de France (2008 à 2019). « Le témoignage de Seb m’a fait mal, je le connais depuis les sélections chez les jeunes. Ça m’a fait réfléchir aussi », abonde Sylvain Marconnet, ancien pilier des Bleus (1998 à 2011). Lui se dit chanceux, il n’a pas été victime de K.-O. en carrière, tout au plus « quelques flashs » en entrée en mêlée, mais reconnaît : « Notre rugby a été destructeur pour un certain nombre de garçons. »
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