Le Pakistan se livre à une redoutable chasse aux migrants afghans. Ces dernières semaines, celle-ci s’est considérablement intensifiée, prenant des airs de véritable traque. « La police ne pose pas de questions, s’ils pensent que vous avez l’air afghan, alors ils vous embarquent », confie Ahmed Jawad. D’origine afghane, il a obtenu la citoyenneté pakistanaise dans les années 2000, ce qui le protège d’une possible expulsion. Sa sœur et sa famille, qui n’ont jamais obtenu le précieux sésame, ont trouvé refuge dans son appartement. « Ils sont arrivés la peur au ventre », relate M. Jawad.
Rien que depuis le 1er avril, près de 60 000 Afghans ont déjà traversé la frontière pour retourner dans leur pays d’origine, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour la migration (OIM). Ces retours massifs pourraient concerner environ 1,6 million de personnes cette année, estime l’agence des Nations unies.
En octobre 2023, Islamabad a lancé la première phase d’un programme d’expulsion visant des centaines de milliers de migrants et de réfugiés afghans, en commençant par s’attaquer aux personnes sans papiers. Les Afghans sont arrivés au Pakistan, légalement et illégalement, par vagues successives depuis l’invasion soviétique de l’Afghanistan, en 1979. Actuellement, quelque 3 millions d’entre eux seraient établis au Pakistan. « Bien qu’ils vivent ici depuis des décennies, les Afghans du Pakistan sont devenus des étrangers du jour au lendemain », regrette Ahmed Jawad.
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