Des cases de paille et de tôle alignées à perte de vue au milieu du désert. Dans le camp d’Aboutengué, à une trentaine de kilomètres au nord d’Adré, ville tchadienne frontalière du Soudan et principal point d’entrée des réfugiés dans le pays, 46 000 personnes sont installées depuis bientôt deux ans. En cette période de l’année, le soleil, lorsqu’il n’est pas caché par la brume, fait rapidement monter le mercure au-delà des 45 °C.
« Le vent nous apporte toujours du sable, c’est beaucoup plus difficile de vivre ici qu’au Soudan », témoigne Arafa Djoumoua Adam Ibrahim, emmitouflée dans son « toub » jaune et vert, un vêtement traditionnel qui la couvre de la tête aux pieds. Elle a quitté Al-Geneina, la capitale du Darfour occidental, avec ses six enfants en juillet 2023. « Les Forces de soutien rapide [FSR, milice paramilitaire commandée par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », et opposée à l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane] ont tué beaucoup d’hommes. Ils ont pris notre argent et brûlé la région. Mon mari est mort, il est parti en martyr. Maintenant je joue le rôle de la mère et du père », raconte-t-elle dans un arabe soigné.
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