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Comment réaliser 40 milliards d’euros d’économies en 2026 sous la menace d’une censure à l’Assemblée nationale ? A défaut de résoudre l’équation politique, François Bayrou va en présenter les termes en ouverture d’un « comité d’alerte sur le budget ». Le premier ministre réunit, mardi 15 avril, plusieurs membres de son gouvernement ainsi que des parlementaires, des représentants d’organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux.

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« Il y aura une partie sur les finances publiques et une seconde partie sur la présentation de chiffres inquiétants tels que le PIB par habitant, l’emploi des seniors et des jeunes, que le gouvernement veut booster », explique une source syndicale à l’Agence France-Presse (AFP).

Des représentants des collectivités locales seront également présents, mais pas l’Association des maires de France, qui voit dans cette réunion « convoquée à la hâte » une « énième séquence de communication ».

Souvent taxé d’immobilisme après quatre mois à Matignon – et avec peu de textes d’ampleur présentés –, François Bayrou entend, par cette réunion suivie d’une conférence de presse, amorcer la méthode dite de « coresponsabilité » avec les Français, selon ses mots, qu’il a souvent prônée avant de prendre les commandes du gouvernement. Les Français « sont partenaires du pouvoir. Je les considère pleinement comme citoyens, c’est-à-dire comme codécideurs. Je partagerai avec eux toutes les données des choix que nous avons à faire », expliquait-il dans un entretien au Parisien le 5 avril.

« Etat d’alerte budgétaire »

Une « méthode radicalement nouvelle » consistant à « construire ce budget dès mardi », a renchéri le ministre de l’économie, Eric Lombard, alors que les textes budgétaires seront examinés par le Parlement début octobre.

Les grandes données budgétaires et le montant de la dette française – 3 303 milliards d’euros fin septembre 2024, soit 113,7 % du produit intérieur brut (PIB), selon l’Insee – seront donc exposés. Mais probablement pas d’annonce immédiate à attendre, ce « comité d’alerte » devant inaugurer une période de trois mois avant l’annonce de décisions. Des groupes de travail avec les parties prenantes, partenaires sociaux et parlementaires notamment, pourraient être mis en place à l’issue de cette réunion, selon une source gouvernementale à l’AFP.

L’exécutif prépare déjà les esprits à un « état d’alerte budgétaire », selon les termes d’Eric Lombard, qui a planté le décor dimanche : la France devra réaliser un effort « de 40 milliards d’euros » l’an prochain, sous forme « essentiellement » d’économies, pour réduire le déficit public de 5,4 % du PIB – objectif 2025 – à 4,6 % en 2026.

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Le gouvernement s’apprête en parallèle à présenter en conseil des ministres, mercredi, son plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT), document présentant la trajectoire pour les années à venir, adressé à la Commission européenne. La prévision de croissance gouvernementale pour 2025 a été rabotée à 0,7 %, après 1,1 % en 2024.

Menace de censure

Sur quels leviers agir ? François Bayrou a cité, jeudi, dans un communiqué, « la nécessité d’une augmentation du taux d’emploi des seniors ». Sont également régulièrement évoqués dans le débat, notamment par le patronat, un effort éventuel des retraités, une hausse de la TVA ou le financement de la Sécurité sociale. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a, elle, mis en avant « des pistes à explorer en termes de protection sociale mais aussi de fiscalité ».

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Eric Lombard a par ailleurs dit « souhaiter » que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d’imposition de 20 %, soit « pérenne ». Mais « le premier ministre s’est engagé, le président de la République également, (…) à ne pas augmenter les impôts », a rappelé, dimanche, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas.

Le gouvernement survivra-t-il à la présentation du budget 2026 ? La France insoumise et le Rassemblement national évoquent à nouveau la menace de la censure. « Si le projet, c’est de demander aux Français de se serrer la ceinture sans que l’Etat n’aille sur le chemin des économies en matière d’immigration, de train de vie de l’Etat, des collectivités, nous nous emploierons à le censurer », a prévenu le vice-président du RN, Sébastien Chenu.

La gauche s’inquiète, elle, de « l’impact récessif » sur la croissance de nouvelles économies et s’insurge de ce que le gouvernement refuse toujours d’envisager des hausses d’impôts pour les plus riches. « Il y a 80 milliards d’économies à faire en revenant sur les cadeaux fiscaux depuis 2017 », a insisté le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

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Le Monde avec AFP

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