Protection des flamants roses en Camargue : la société Radar Films jugée coupable d’avoir détruit plus de 500 œufs

Radar Films, la société productrice du long métrage Donne-moi des ailes, de Nicolas Vanier, a été jugée coupable, vendredi 11 avril, de la destruction de 520 œufs de flamants roses de Camargue, lors du tournage du film, à l’aide d’ULM, en 2018.

Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné Radar Films à 50 000 euros d’amende pour la « destruction non autorisée d’œufs ou de nids » d’une espèce protégée, et à 2 000 euros supplémentaires pour la « perturbation volontaire » et l’« atteinte à la conservation » de ces mêmes flamants roses.

Une partie du tournage de ce film, qui avait fait 1,5 million d’entrées en 2019, avait eu lieu en Camargue, au cœur d’une zone Natura 2000 abritant le seul site de nidification en France des flamants roses.

Les 6 et 7 juin 2018, deux ULM (ultralégers motorisés) de la production avaient survolé à basse altitude quelque 8 000 flamants roses en pleine période de couvaison. Effrayés, les oiseaux s’étaient envolés, détruisant leurs nids dans la panique et abandonnant les œufs. Environ 520 œufs, soit 11,5 % de la reproduction annuelle en France de cette espèce protégée, avaient ainsi été perdus.

A l’audience, au début de mars, le parquet avait requis de « 80 000 à 100 000 euros » à l’encontre de Radar Films, fustigeant sa « méconnaissance » des enjeux environnementaux.

Dans son jugement, qui devra être publié notamment dans les Cahiers du cinéma, le tribunal a accordé 10 000 euros de dommages moraux à six ONG parties civiles, ainsi que 2 000 euros à l’association Robins des bois pour réparation du préjudice écologique.

« Il faut écouter les gestionnaires d’espaces naturels quand ils vous disent qu’il y a des sites qu’il ne faut pas fréquenter »

Plus de 400 000 euros de dommages moraux et de dommages environnementaux avaient été réclamés à l’audience par les parties civiles. Radar Films avait plaidé la relaxe, rejetant la responsabilité de l’incident sur son prestataire chargé de piloter les ULM.

Le réalisateur, Nicolas Vanier, ainsi que le pilote de l’ULM qui s’était le plus approché des oiseaux et le directeur de la photographie, qui se trouvait à bord, avaient bénéficié d’un non-lieu à l’issue des six années d’instruction.

Tout en jugeant l’amende de 50 000 euros « un peu légère », Simon Popy, président de France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée (FNE-OccMed), a estimé qu’un « message » était adressé aux producteurs de films animaliers et aux utilisateurs de drones : « Il faut écouter les gestionnaires d’espaces naturels quand ils vous disent qu’il y a des sites qu’il ne faut pas fréquenter ou qu’il faut éviter à certains moments, car ils sont très sensibles pour la faune ».