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Il y a deux pentes dangereuses pour une nation. La première est la pente rapide. C’est la moins mortelle car, dans sa précipitation, elle provoque toujours le sursaut. L’autre pente, elle, est en apparence inoffensive car plus indolore : c’est la pente lente, progressive et sournoise, qui est en réalité la pente mortelle pour un pays.
Nous sommes sur cette pente lente et mortelle. De jour en jour, nous nous habituons à la montée de la température politique, nous nous habituons à toutes les fracturations de nos principes républicains, nous nous habituons à l’incurie, à l’impassibilité, à la désertion d’une classe politique qui n’a jamais paru aussi dépassée par la gravité de ce qui se joue sous ses yeux. Le temps politique que notre démocratie et tant d’autres dans le monde traversent est historique. En face, les réponses politiques sont dérisoires et vaines.
A force d’accoutumance au pire, nous perdons la qualité première nécessaire à tous ceux qui ont en charge une démocratie : la lucidité. De pire en pire, d’entorse en entorse, nous nous accoutumons à une dégradation profonde et généralisée de ce qui devrait faire l’honneur d’un responsable politique.
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