Simon Petit, 23 ans, rêvait de poursuivre ses études de droit international à l’université de Leyde, aux Pays-Bas, et, par la même occasion, d’y rejoindre sa petite amie. Ses contacts avec ce prestigieux établissement l’ont dérouté : « On m’a gentiment, mais fermement, conseillé de réfléchir. Parce qu’à l’avenir les cours en anglais seront moins nombreux et le néerlandais plus répandu, paraît-il. » Un peu effrayé par la perspective d’apprendre cette langue « très étrangère », le jeune Breton ne rejoindra sans doute pas les quelque 5 000 étudiants français actuellement inscrits dans les écoles supérieures et les universités des Pays-Bas.
La coalition de droite au pouvoir à La Haye entend réduire le nombre d’étrangers ainsi que l’offre des cours en anglais, le tout dans le cadre d’un vaste plan d’austérité. A l’automne 2024, le ministre Eppo Bruins, un centriste détenteur du portefeuille de l’éducation, de la culture et des sciences, a confirmé l’objectif : promouvoir une meilleure maîtrise de la langue néerlandaise et réduire les budgets. Environ 168 millions d’euros devraient notamment être épargnés sur les montants consacrés à l’accueil des quelque 123 000 étudiants étrangers non résidents.
A Leyde, le projet gouvernemental – baptisé « Internationalisation équilibrée » (WIB) – forcera la direction à économiser 4,5 millions d’euros en 2026, et davantage pour les années suivantes. Annetje Ottow, présidente du conseil d’administration de l’université, évoquait, en octobre 2024, des « conséquences majeures » pour les programmes de licence en langue anglaise. Les filières de spécialisation, où un tiers des formations sont actuellement données en anglais, seront elles aussi concernées, tandis que les exemptions actuelles (pour les métiers en pénurie ou pour les établissements situés dans des zones frontalières) devraient être limitées. Les masters seront aussi concernés à terme.
Relancer l’intérêt pour le néerlandais
« J’ignore quand tout cela va entrer en vigueur, mais je me pose sérieusement la question de la poursuite de mes études ici », déplore Julie F., une étudiante francophone belge qui visait un master en finance et régulation bancaire à l’université d’Amsterdam (UvA), une formation à temps plein, en anglais. L’UvA offre actuellement à ses 40 000 étudiants 20 programmes de « bachelier » (bac + 2) et 150 masters en langue anglaise.
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