Après Force ouvrière, c’est au tour de l’organisation patronale U2P de quitter les négociations sur les retraites, entamées fin février. Dans un communiqué, diffusé tôt mardi 18 mars, l’organisation annonce son départ pour tenter de « contribuer à une prise de conscience générale ».
« Est-il vraiment sérieux, dans [un] contexte de déficits structurels et de projections alarmantes, de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ou d’une réduction de la durée d’activité requise (…) ? », s’interroge-t-elle dans un communiqué, prônant au contraire « des mesures drastiques pour rétablir l’équilibre de nos régimes sociaux ».
L’U2P est la première des trois organisations patronales représentatives (les autres étant le Medef et la CPME) à quitter la table. Côté syndicats, FO était parti dès le premier jour, disant pour sa part ne pas vouloir « participer à une mascarade » dont le but serait d’allonger la durée du travail.
Dans la foulée de l’allocution d’Emmanuel Macron, le 5 mars, appelant à un effort budgétaire au vu des bouleversements géopolitiques en cours, l’U2P rappelle que « le paysage international ne cesse de se transformer » et que « le chef de l’Etat a appelé à un effort financier inédit afin de renforcer notre puissance militaire ». « Le bateau France est en train de prendre l’eau et l’orchestre des partenaires sociaux continuerait de jouer comme si de rien n’était ? L’U2P s’y refuse », ajoute dans le communiqué son président, Michel Picon.
François Bayrou dit « non » à un retour de la retraite à 62 ans
Ce départ de la plus petite des organisations patronales survient alors que le premier ministre, François Bayrou, a suscité dimanche la colère à gauche et parmi les syndicats en répondant par la négative à une question sur un retour à la retraite à 62 ans, alors que les négociations entre partenaires sociaux sur une possible réforme de la réforme sont censées durer encore deux mois. Pour l’U2P, l’équilibre du régime des retraites « imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans », sauf pour les métiers difficiles.
Lundi, la ministre des comptes publics, Amélie de Montchalin, avait jugé elle aussi « pas réaliste » un tel retour à 62 ans, dans le contexte d’effort militaire à venir et d’« impératif » d’un équilibre financier des retraites. Le ministre de l’économie, Eric Lombard, avait pour sa part tenté de rappeler, dimanche, que c’est normalement « le conclave » des partenaires sociaux « qui doit se prononcer ».
Après les propos de M. Bayrou, la CFDT a fait savoir qu’elle comptait demander au premier ministre « s’il confirme ses propos » lors d’une rencontre déjà programmée entre le syndicat et M. Bayrou, mardi. « La sortie du premier ministre est incompréhensible. Tout était soi-disant sur la table. [Il] vient de changer la règle », a dénoncé la CFDT, dans un message transmis à l’Agence France-Presse. La CGT interroge, elle, ses instances, réunies lundi et mardi, sur l’attitude à adopter dans le cadre de ces négociations.