Comment lutter contre le « désenchantement démocratique », produit de « l’impuissance publique » ? Edouard Philippe a esquissé dimanche 16 mars à Lille la méthode qu’il mettra en place s’il accède à l’Elysée, tout en renouvelant ses critiques contre François Bayrou. « Je suis candidat à la présidence de la République pour redonner vie à la puissance française », a lancé le président d’Horizons lors d’un congrès de son parti, qui a rassemblé environ 1 600 personnes.
Les partisans d’Edouard Philippe, qui s’impatientent de le voir dérouler son programme présidentiel, en sont pour leurs frais : celui-ci ne sera dévoilé qu’en mai 2026, après les municipales. Mais dans Le Figaro vendredi, puis à Lille dimanche, le maire du Havre n’a pas retenu ses attaques contre François Bayrou.
Le premier ministre juge-t-il « antinational[es] » ses critiques quant à l’absence de réformes d’ampleur ? M. Philippe répond que François Bayrou « a été piqué que quelqu’un lui fasse remarquer que le programme de travail des mois à venir paraissait bien maigre ».
M. Philippe qui « considère que la démocratie sociale, c’est négligeable », dixit le même François Bayrou après les critiques de son « conclave » sur les retraites ? Un débat « totalement dépassé », a martelé le patron d’Horizons, qui préférerait voir les syndicats discuter de l’effort à fournir autour des tensions internationales plutôt que de la remise en cause de la loi Borne.
« Légitimité »
A Lille, l’ancien premier ministre a donné quelques éléments de méthode : s’il accédait à l’Elysée, il prononcerait rapidement la dissolution de l’Assemblée. Surtout, il entend convoquer les élections législatives « en juin, à une date qui permettra de tenir, au premier tour puis au second, un référendum ».
Cela au nom de la « légitimité » : « Le président est élu au deuxième tour par des Français qui ont parfois voté plus contre son adversaire que pour lui (…). On peut se raconter l’histoire qu’en élisant au deuxième tour un candidat ils valident son programme de premier tour, mais c’est au prix d’un mensonge intéressé et d’une incompréhension durablement dangereuse pour la suite », a-t-il poursuivi, alors qu’Emmanuel Macron, élu à deux reprises face à Marine Le Pen, a subi de nombreuses critiques sur ce thème.
Ces référendums, a-t-il expliqué, porteront sur les retraites et sur « l’organisation administrative de notre pays, notamment l’inscription dans la Constitution d’une règle d’or » budgétaire. Avec pour objectif un retour à l’équilibre des finances publiques à dix ans.
Au sujet des retraites, M. Philippe prône un système « autour de trois régimes : privé, public, indépendant ». « Chaque régime devra être équilibré, y compris par l’introduction d’une dose de capitalisation collective », a-t-il précisé, proposant « de confier la totalité de la gestion du régime privé aux partenaires sociaux, sans possibilité de déficit, comme ils le font très bien pour l’Agirc-Arrco ».
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« Nous prendrons également une série d’ordonnances, dont l’habilitation pourra être confiée au gouvernement par référendum (…), en matière de justice, en matière d’éducation et en matière de santé, qui sont les trois services publics qui doivent être considérablement et rapidement réformés », a précisé M. Philippe.
« Autonomie stratégique »
Parmi les invités à Lille, Gérald Darmanin, et la députée Renaissance Violette Spillebout, candidate à la mairie de cette ville.
Le garde des sceaux, adhérent du parti Renaissance, dirigé par Gabriel Attal, n’en a pas moins confié son « espérance de voir des idées, une équipe, un projet » autour de son ami havrais. Et en a profité pour formuler quelques propositions – TVA sociale, notamment –, avec « le rêve d’une France où tous les travailleurs sont propriétaires et actionnaires ».
M. Philippe a commencé son discours par un hommage appuyé à son ancien ministre des comptes publics. « Je voudrais vous dire et je voudrais te dire, Gérald, combien je t’aime », a-t-il dit, en saluant son « parcours très impressionnant » et les idées « précieuses pour la réflexion » qu’il a mises en débat.
Edouard Philippe a également consacré une partie de son discours à la situation internationale. Occasion de « salu[er] l’action du président de la République, qui depuis 2017 a placé la question de l’autonomie stratégique de l’Europe au centre de sa politique extérieure ». « Quels que soient nos désaccords sur le plan interne, je veux lui dire ici mon soutien », a-t-il déclaré.