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Deux mois après l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, l’attaque de son administration contre la transition écologique est d’une rare violence : promesse de réouverture de centrales à charbon, facilitation de la production de pétrole et de gaz, entrave aux énergies renouvelables, offensive contre les véhicules électriques, procédures pour démanteler les normes environnementales, sortie de l’accord de Paris sur le climat. Le 47e président des Etats-Unis, un climatosceptique qui qualifie le réchauffement de « canular », frappe vite et fort.

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Cette purge passe également par une démolition des connaissances scientifiques sur le climat, avec à la clé des licenciements massifs, des coupes budgétaires, des programmes gelés, l’interdiction faite à des chercheurs de participer à des congrès. « Nous entrons dans un âge d’or de l’ignorance », s’alarme, à juste titre, l’historien américain des sciences Robert Proctor.

Une première offensive avait été menée en 2017, lors du précédent mandat de Donald Trump, contre laquelle de nombreux pays étaient parvenus à faire bloc. Aucun n’avait suivi les Etats-Unis pour sortir de l’accord de Paris, l’UE s’était engagée vers la neutralité carbone.

La condition du mieux-vivre

Cette fois, hélas, des dégâts bien plus importants sont à craindre : premier pollueur historique, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, premier producteur de pétrole, les Etats-Unis entravent la lutte mondiale contre le réchauffement climatique au moment où la fenêtre pour espérer tenir les objectifs de l’accord de Paris est en train de se refermer. Non seulement ils ne pourront respecter leurs objectifs climatiques pour 2030, mais ils freinent la transition dans les pays en développement en cessant leur aide financière, et risquent d’alimenter la montée des climatosceptiques.

En huit ans, le contexte a en effet radicalement changé. Les guerres en Ukraine et à Gaza, les tensions sur les prix de l’énergie, l’austérité budgétaire ont mis à mal le multilatéralisme, y compris sur le climat. Dans de nombreux pays, la prise de conscience écologique, au lieu de monter en puissance, est devenue impopulaire et a alimenté les contestations contre les normes. En France, des opérateurs environnementaux et des instituts de recherche ont été murés par des agriculteurs, des ONG qualifiées de « terroristes », le terme d’« agroécologie » a disparu de la loi d’orientation agricole. En Europe, la loi sur la restauration de la nature a été édulcorée, les directives sur le devoir de vigilance et sur la transparence des entreprises quant à leur impact environnemental et social ont été reportées. Rien ne garantit que le nouvel objectif de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre en 2040 sera adopté par les Etats et les eurodéputés.

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Au moment où l’Union européenne cherche à renforcer sa souveraineté, reléguer l’environnement au second plan constituerait une faute lourde. Au même titre que la défense, l’investissement dans les énergies propres contribue à réduire son état de dépendance face à la Russie et aux Etats-Unis. Il permet de ne pas laisser le monopole de l’innovation à la Chine, leader des énergies décarbonées. Il est la condition du mieux-vivre. Partout, sur la planète, la répétition d’événements climatiques extrêmes affectant la sécurité, la santé et la prospérité des populations sont la démonstration que, sans sécurité climatique, la sécurité en Europe sera impossible. Plutôt que de renoncer face aux blocages, les dirigeants doivent avoir pour seul objectif de les surmonter.

Le Monde

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