Une information judiciaire pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger a été ouverte vendredi contre TotalEnergies dans l’affaire de l’attaque djihadiste survenue à Palma, au Mozambique, en 2021, a annoncé, samedi 15 mars, le parquet de Nanterre, sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de Franceinfo.
Des survivants et des familles de victimes de cette sanglante attaque avaient porté plainte à l’automne 2023 contre la multinationale française de production et de fourniture d’hydrocarbures, qui menait un mégaprojet gazier dans la région et qu’ils accusent de négligences. L’attaque, commencée le 24 mars 2021, avait duré plusieurs jours et fait un nombre indéterminé de victimes à ce jour parmi la population locale et les sous-traitants.
Les victimes plaignantes – trois survivants et quatre proches, de nationalités sud-africaine et britannique – accusent le groupe (ex-Total) de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants. Contacté, TotalEnergies n’a pas réagi.
Dans un communiqué publié au moment du dépôt de plainte, en octobre 2023, la compagnie avait rejeté « fermement ces accusations et (…) rappel[é] l’aide d’urgence que les équipes de Mozambique LNG [la société du projet] [avait] apportée et les moyens qu’elles [avaient] mobilisés afin de permettre l’évacuation de plus de 2 500 personnes (civils, personnel, contractants et sous-traitants) du site d’Afungi », où est situé le chantier du projet de gaz liquéfié.
« Une bombe climatique associée à des allégations de violations des droits humains »
Pour cette attaque, Maputo n’a fourni qu’un bilan d’une trentaine de victimes, mais selon un journaliste indépendant, Alexander Perry, le bilan s’élève à 1 402 civils morts ou disparus, dont 55 sous-traitants. Plusieurs d’entre eux s’étaient réfugiés dans un hôtel à la sortie de la ville, qui fut assiégée par les djihadistes.
Après les faits, TotalEnergies avait stoppé son projet gazier et décrété la force majeure, qui permet à un signataire de contrat de se libérer de ses obligations en cas d’événement imprévisible et insurmontable.
Jeudi, l’agence américaine de crédit à l’exportation a approuvé un prêt de 4,7 milliards de dollars à TotalEnergies pour Mozambique LNG. Le démarrage de la production est désormais envisagé en 2029 ou 2030, au lieu de 2028.
Plusieurs ONG, parmi lesquelles Reclaim Finance et Les Amis de la Terre, ont appelé vendredi dans un communiqué commun « les autres financeurs (…), dont les banques françaises Crédit agricole et Société générale, à refuser de suivre cet exemple toxique et irresponsable et à s’opposer au redémarrage du projet, une bombe climatique associée à de nombreuses allégations de violations des droits humains ».