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POLAR+ – JEUDI 13 MARS À 20 H 55 – FILM

Fidèle à sa mission de filmer des adaptations de livres d’Agatha Christie avec légèreté, dérision, poésie et impertinence, Pascal Thomas illustre, cette fois, Partners in Crime (1929), un divertissement dont les détectives − anciens membres des services secrets − sont un couple de dandys, Prudence et Bélisaire, couple dans lequel les thuriféraires de la vieille dame indigne voient un reflet de celui qu’elle formait avec son époux Archie. « Hercule Poirot en deux personnes », assure le cinéaste.

On a déjà repéré dans Mon petit doigt m’a dit (2005) que Prudence (Catherine Frot) se piquait de tenir la baraque. Tout doute sur l’identité de celui des deux qui fait autorité est ôté quand sa moitié, Bélisaire (André Dussollier), revêt son kilt pour aller s’oxygéner ailleurs. Ce qui nous vaut ces plans fripons où l’adepte du whisky glaçons retrousse sa jupe écossaise pour se chauffer les fesses au coin du feu, puis (quelque temps plus tard) se retrouve coincé sur une bouche d’aération qui le transforme en doublure poilue de Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion (1955).

Grâce de l’interprétation

Prudence a une tante belge un peu toquée (Annie Cordy), une chasseuse de papillons, qui prétend avoir assisté à un crime depuis la fenêtre de son compartiment de train. Ce qui tombe bien, car Prudence s’ennuie et voudrait repiquer un plongeon dans une enquête. « Imagine comme ce serait palpitant d’entendre cogner à la porte, d’aller ouvrir, et de voir un mort entrer en titubant », dit-elle à son mari. Comme le mari en question se fait assez popote et plutôt sceptique, elle décide d’aller seule à la recherche du cadavre. Et se fait engager comme cuisinière dans un château un peu louche.

Les suspects sont posés, les indices décelés peu à peu. Un châtelain pingre, râleur et despote (Claude Rich), haï par ses enfants, trois fils velléitaires et une fille amoureuse d’un médecin dévoué. Un gant enfoui dans la neige, puis un corps caché dans un sarcophage, puis un nouveau mort, empoisonné… Prudence s’active, et Bélisaire, alerté par ses exploits, vient se mêler à l’affaire, en concurrent jaloux, prompt à placer sa femme en garde à vue dans sa chambre. Ce sont des retraités coquins.

Changements de registre, irruption de noms célèbres (la danseuse s’appelle Anna Karénine)… Ce que nous savourons ici dépasse de loin le plaisir (limité) de suivre l’intrigue. C’est la grâce de l’interprétation, le jeu avec les codes, la valse des clins d’œil, la fantaisie, la cocasserie des répliques. Polar peut-être, mais comédie surtout, qui cultive l’esprit, même le mauvais, quand les détectives triomphants rentrent chez eux et filent à l’anglaise en entendant bruire leurs petits-enfants. Agatha Christie revue par W. C. Fields.

Le crime est notre affaire, film de Pascal Thomas (Fr., 2008, 109 min). Avec Catherine Frot, André Dussollier, Claude Rich, Chiara Mastroianni.

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