Livre. Pourquoi la France, septième puissance mondiale, voit-elle repartir à la hausse la mortalité infantile ? 4,1. Le scandale des accouchements en France (Buchet Chastel, 208 pages, 21 euros), ouvrage que cosignent les journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, s’ouvre sur cette question. On le referme en partageant avec les auteurs les constats, mais moins leur argumentaire.
Point de départ de leur enquête, des chiffres connus mais pas moins alarmants reviennent au fil des pages. A commencer par ce « 4,1 », inscrit dans le titre : il renvoie au nombre de décès de bébés avant 1 an, pour mille naissances vivantes, comptabilisé en 2024. Au seuil des années 2000, le taux se situait à 3,5 pour 1 000.
Autre constat chiffré : 70 % de ces décès interviennent durant les vingt-huit premiers jours de vie, et, parmi eux, 70 % concernent des prématurés. La mortalité infantile est en hausse depuis 2012, et subit même un « véritable décrochage » depuis 2020, écrivent les journalistes. La France, longtemps citée comme un exemple, se positionne désormais à la 23e place sur 27, « entre la Pologne et la Bulgarie, à égalité avec la Croatie ».
A partir de cette photographie statistique, les auteurs ont fait un choix qui ne manquera pas de faire réagir : pointer du doigt la fermeture des petites maternités, une stratégie politique qui remonte aux années 1970, confirmée par les décrets de périnatalité de 1998, et qui repose sur la conviction qu’un « volume d’activité » est nécessaire pour assurer la sécurité des patientes et de leurs enfants. De quoi relancer un débat récurrent : proximité des structures d’accouchement versus sécurité des prises en charge.
Pour un registre national des naissances
Jusqu’à présent, les experts qui avaient relevé la hausse inquiétante de la mortalité infantile – d’ailleurs cités dans l’ouvrage – préfèrent invoquer des « causes multifactorielles », au-delà de l’organisation du système de soins : âge maternel plus tardif, comportements à risques comme le tabagisme, hausse de la précarité, surpoids… Le livre s’en fait l’écho tout en privilégiant la piste du démantèlement de l’offre de soins et de la concentration des naissances dans de grands établissements de santé, épinglés comme des « usines à bébés ».
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