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Sacai.

Comment habiller les femmes ? Lundi 10 mars, à la fashion week automne-hiver 2025-2026 de Paris, trois créatrices ont livré leur vision du vestiaire féminin. Elles ont en commun de puiser dans des références culturelles, mais offrent un éventail de possibilités, avec des garde-robes architecturale, intello-bourgeoise ou affranchie.

Chez Sacai, Chitose Abe continue de donner à ses vêtements des tours acrobatiques. Les vestes désossées s’arborent de travers ; des pans de cuir ou de coton forment des robes abstraites comme des bâtiments déconstructivistes ; des couvertures et écharpes tricotées se transforment en pulls, et des foulards soyeux à imprimé cachemire, boutonnés entre eux, en robes fendues.

« J’ai travaillé autour du geste sensuel du drapé, cette façon qu’on a de se protéger en s’enveloppant dans du tissu, en le manipulant ou en le jetant par-dessus une épaule, explicite la Japonaise. Un geste qui répond à notre besoin de tendresse. » Elle y adjoint des textures douillettes et des reproductions de trois photos romantiques de Man Ray, de bouches ou d’yeux cernés de larmes. Qu’importe que le surréaliste ait en vérité renié certaines de ces images de commande pour du maquillage, « il reste l’artiste qui a le mieux amené les femmes vers la beauté », estime Chitose Abe.

Pétales de cuir

Désireuse de célébrer le pouvoir au féminin, Gabriela Hearst fait, elle, référence à l’archéologue Marija Gimbutas, qui, dans plusieurs ouvrages, dont le Langage de la déesse (1989), imposa la vision d’un monde divin dominé par des figures féminines. Même si elle s’adresse à une clientèle très aisée dont le biotope naturel se situe du côté de la Cinquième Avenue new-yorkaise et qu’elle contient son lot de jolies robes de cocktail, la collection brille par son côté presque animal, avec ses fourrures abondantes – tantôt des trompe-l’œil réalisés en soie peignée, tantôt des fourrures vintage recyclées.

Les écailles de serpent sont habilement reproduites au travers de lainages tricotés ou en pétales de cuir de veau. Des pièces en vraie peau de serpents chassés dans les Everglades (Floride), où ils sont considérés comme une espèce invasive, complètent la panoplie. « La collection est sophistiquée et crue », résume justement la créatrice américano-uruguayenne.

Marine Serre.

A la Monnaie de Paris, Marine Serre a reproduit « la chambre rouge » de Twin Peaks, de David Lynch, et transformé ses mannequins en personnages lynchiens, ce qui nécessite « une forme de minimalisme, et de tout miser sur les coupes et les tissus », affirme la designer. Ce faisant, elle fait évoluer sa silhouette vers un style plus adulte.

Les combinaisons en cuir rembourrées à la taille, vestes ceinturées et jupes midi, robes décolletées aux bretelles gonflées, tailleurs aux épaules affûtées et trenchs luisants aux poches plaquées atteignent le juste équilibre entre sensualité et étrangeté. La signature de Marine Serre, le croissant de lune, est discrètement apposée sur des fermoirs, des boutons ou des imprimés ton sur ton.

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« Je veux que les femmes se sentent libres, radicales, qu’elles s’aiment et s’habillent sexy pour elles-mêmes », clame la créatrice. En défilant dans un lieu historique, la Française veut aussi montrer que l’on peut avoir de l’ambition et du succès en étant une femme à la tête d’une marque indépendante.

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