Une ancienne cadre de Facebook reproche à l’entreprise d’avoir multiplié, entre 2015 et 2017, les concessions à la Chine. Selon elle, la société serait même allée jusqu’à construire un prototype de service de suppression automatique de messages, dans l’espoir de pouvoir pénétrer le marché chinois.
Sarah Wynn Williams, une ancienne diplomate néo-zéalandaise qui travaillait à l’époque dans le service des politiques publiques de Facebook, accuse son ex-employeur, dans un livre à paraître cette semaine et dans une plainte déposée auprès de l’Autorité américaine des marchés financiers (SEC), d’avoir accepté plusieurs demandes de la censure chinoise.
Selon la plainte transmise à la SEC, consultée par le Washington Post, Facebook aurait notamment accepté de restreindre l’accès au compte Facebook de l’homme d’affaires et critique de Pékin Guo Wengui, à la demande d’un haut responsable de la censure chinoise. La plainte détaille d’autres concessions auxquelles Facebook aurait consenti pour amadouer les autorités chinoises, portant notamment sur l’hébergement des données des futurs utilisateurs chinois ou la protection accordée aux utilisateurs d’Hongkong.
Modérateurs spécifiques
La plainte, qui s’appuie sur des documents internes, assure surtout que Facebook a proposé dès 2015 à Pékin de mettre en place un système automatisé de suppression de contenus, confié à un sous-traitant chinois, dans le cas d’une autorisation de la plateforme en Chine. Les documents prévoyaient également l’embauche de 300 modérateurs – un nombre très important pour l’époque – selon le Washington Post. Facebook a finalement abandonné tout projet de déploiement en Chine en 2019.
Interrogé par le quotidien américain, un porte-parole de l’entreprise estime que la plainte et le livre de Mme Williams contiennent « un mélange d’allégations datées, pour certaines déjà connues, et d’accusations fausses contre notre direction ». Le groupe affirme que l’ancienne cadre a été « licenciée il y a huit ans (…) après une enquête interne qui a établi qu’elle avait porté de fausses accusations de harcèlement », et qu’elle est depuis « payée par des militants anti-Facebook ».
Facebook et sa maison mère, Meta, ont multiplié ces dernières années les critiques contre la Chine et contre TikTok (la plateforme créée en Chine est devenue sa principale concurrente). TikTok est menacée d’interdiction aux Etats-Unis, à moins qu’elle ne vende son activité dans le pays à une société américaine.