Meilleures Actions
Histoires Web lundi, mars 10
Bulletin

En 2022, un avion ravitailleur italien a participé à un exercice nucléaire français. Un geste symbolique, mais un premier pas. Deux ans auparavant, Emmanuel Macron avait marqué, davantage que ses prédécesseurs ne l’avaient fait, la dimension européenne de nos « intérêts vitaux », et invité nos partenaires au dialogue, voire à la participation à de tels exercices. Certains d’entre eux acceptèrent le débat, mais les conversations furent discrètes. Et non exemptes d’hésitations à aller plus loin, par crainte de provoquer une réaction négative de la part des Etats-Unis.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Face à la « menace russe », Emmanuel Macron sollicite la « force d’âme » des Français

Est-il temps désormais de déployer un véritable « parapluie nucléaire » européen au-dessus du continent ? Il importe de distinguer deux scénarios bien différents l’un de l’autre : celui dans lequel l’engagement américain en Europe est pérenne, et celui, encore hypothétique mais de moins en moins improbable, d’une rupture du contrat de sécurité nucléaire transatlantique.

S’il faut aller plus loin désormais, c’est parce que c’est dans notre intérêt national. Nos voisins s’inquiètent et sont demandeurs : or, il n’y aura pas d’Europe prospère, et donc de France prospère, sans l’assurance d’une protection ultime pour eux aussi.

Rassurer ses alliés

Le premier scénario est celui de l’« assurance complémentaire ». Que faire tant que les Américains sont encore là ? D’abord, consulter et écouter nos alliés, notamment les plus concernés – Allemagne, Pologne, Pays baltes. Ensuite, agir avec les Britanniques. Nous pourrions affirmer ensemble la vocation de nos forces à protéger nos alliés européens.

Une piste serait d’étendre le langage dit « des Chequers » [du nom de la résidence de villégiature du premier ministre du Royaume-Uni] : en 1995, Londres et Paris avaient affirmé qu’ils « n’imagin[aient] pas que les intérêts vitaux de l’un soient menacés sans que ceux de l’autre le soient également ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’extension du parapluie nucléaire français et britannique en Europe suscite un intérêt grandissant de la part des alliés

La France pourrait aussi envisager un signal opérationnel fort en déployant temporairement des Rafale des Forces aériennes stratégiques (FAS), sans leurs armes, sur les bases de certains de nos partenaires les plus inquiets (comme la Pologne). Elle pourrait participer en tant qu’observateur aux travaux du groupe des plans nucléaires de l’OTAN. Ce message politique à nos partenaires européens serait une mesure de confiance pour ceux qui nous soupçonnent toujours – à tort – de vouloir affaiblir l’organisation transatlantique.

Il vous reste 61.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.