Au moins seize personnes sont mortes et plus de mille ont été évacuées après qu’une tempête a frappé la ville portuaire argentine de Bahia Blanca vendredi 7 amrs, ont annoncé dimanche les autorités.
Les autorités locales ont également reçu plus de 100 signalements de personnes disparues à la suite de la tempête qui a endommagé gravement cette ville qui abrite l’un des principaux ports d’Argentine, à 600 kilomètres au sud de Buenos Aires.
La disparition de deux fillettes âgées de 1 et 5 ans, emportées par l’eau en quelques secondes, a été confirmée par les autorités. Les recherches se poursuivent avec des plongeurs car il y a encore plus d’un mètre d’eau dans la zone où elles ont été emportées, a expliqué le ministre de la sécurité de la province de Buenos Aires, Javier Alonso, à la station de radio locale Radio Mitre.
« La plupart des morts sont (…) des personnes très âgées qui se trouvaient dans des maisons de retraite ou dans des foyers qui s’occupent de personnes âgées », a déclaré le maire de la ville, Federico Susbielles, lors d’une conférence de presse. Onze d’entre eux ont déjà été identifiés et la mairie n’a pas exclu la possibilité d’autres décès dans cette ville de 350 000 habitants.
Un volume de pluie « sans précédent »
Les pluies ont commencé tôt vendredi matin et se sont terminées dans l’après-midi, mais la ville a reçu en quelques heures 400 millimètres d’eau, presque autant que ce qu’il pleut d’habitude en un an dans la région. Un volume de pluie « sans précédent », selon Javier Alonso. « La plus grosse tempête à Bahia Blanca a eu lieu en 1930, avec 175 millimètres. Celle-ci est presque trois fois plus importante », a-t-il dit. Le gouvernement a annoncé avoir débloqué une aide d’urgence de 10 milliards de pesos (8,6 millions d’euros).
Des quartiers entiers ont été submergés, ne laissant apparaître que les toits des maisons. Le nombre de personnes qui ont dû être évacuées s’élevait encore à 1 277 dimanche à la mi-journée, selon les chiffres officiels. La reconstruction de la ville coûtera « 400 milliards de pesos », soit environ 400 millions de dollars, a estimé, de son côté, Federico Susbielles. « Nous avons plus que jamais besoin d’aide. »
Pour Andrea Dufourg, experte en gestion de l’environnement, « il s’agit d’un exemple clair de changement climatique » qui « est mis en évidence par des événements météorologiques extrêmes dans lesquels des situations telles que de fortes pluies et autres se produisent, dans ce cas également manifestées par des inondations sans précédent dans certains territoires ».
« Nous n’avons pas d’autre choix que de préparer les villes, d’éduquer les citoyens, d’établir des systèmes d’alerte précoce efficaces et d’agir en conséquence », a déclaré à l’Agence France-Presse Mme Dufourg, qui est également directrice des politiques environnementales de la ville d’Ituzaingo, près de la capitale argentine.
Evacuation des bébés d’une unité néonatale
« Nous avons été frappés par un mètre et demi d’eau. Malheureusement, il ne reste plus rien », a témoigné le médecin Eduardo Seminara à la chaîne de télévision C5N depuis son cabinet, touché par les inondations. Des images de télévision ont montré des infirmières et du personnel médical, par la suite aidés par l’armée, évacuant en urgence, dans leurs bras, des bébés de l’unité néonatale de l’hôpital José Penna, le plus important de Bahia Blanca.
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Samedi, les médias locaux ont fait état de pillages pendant la nuit, montrant des images de magasins vandalisés. L’aéroport de Bahia Blanca a été fermé jusqu’à nouvel ordre et les autorités ont coupé certaines sources d’électricité pour réduire le risque d’électrocution. « Au cours de la journée de samedi, la compagnie d’électricité de la ville a indiqué que 120 000 usagers restaient affectés » par les coupures.
Une habitante de Bahia Blanca a été interviewée par la chaîne LN+ depuis un camion, où elle s’est réfugiée avec ses enfants en voyant l’eau monter dans la rue puis dans sa maison. « On a monté les chiens sur le toit, mis les enfants dans le camion et on est resté là-dedans », a raconté Flavia Viera Romero. « Les voisins sont tous montés sur les toits », a-t-elle ajouté.
Fin 2023, une violente tempête, avec de fortes pluies et des vents atteignant 150 kilomètres par heure, avait fait 13 morts à Bahia Blanca lors de l’effondrement du toit d’un club de sport.