Patricia Wiltshire se souvient parfaitement de l’appel téléphonique qui a fait basculer sa carrière, un jour de 1994. L’accent écossais du policier au bout du fil et ses mots exacts : « On nous a dit que vous pouviez nous aider. Un meurtre a été commis. » A l’époque, cette biologiste enseignait l’archéologie environnementale – une discipline qui étudie les écosystèmes du passé à travers les plantes et les sols – à l’University College de Londres. Pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une experte en crimes ou cadavres, alors pourquoi elle ?
Les enquêteurs lui ont expliqué que le corps sans vie d’un homme avait été retrouvé dans un fossé, à côté d’un champ de maïs, très probablement jeté là par des membres d’une triade chinoise. Encore fallait-il le prouver, car les traces de pneus n’étaient pas concluantes. Du pollen avait été retrouvé dans le véhicule. C’est là que Patricia Wiltshire, 51 ans à l’époque, est entrée en jeu : la scientifique a examiné les grains au microscope, les comptant et comparant leur forme. « Petit à petit, un paysage s’est dessiné dans mon esprit, j’ai pu me représenter le champ », se remémore-t-elle aujourd’hui, dans son bureau débordant d’ouvrages de botanique et entourée de ses six microscopes.
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