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Le procès de personnalités éminentes de l’opposition tunisienne accusées d’avoir comploté contre la sûreté de l’Etat, initialement prévu mardi au palais de justice de Tunis, a été reporté au 11 avril par le juge, qui a refusé de libérer les accusés dans l’attente de cette nouvelle audience.

Des manifestants s’étaient rassemblés devant le tribunal pour apporter leur soutien aux prévenus, alors que l’opposition politique dénonce des accusations montées de toutes pièces et dit y voir une illustration de la dérive autoritaire du président Kaïs Saïed.

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Aux yeux de groupes de défense des droits civiques, ce procès met en évidence le contrôle total exercé par Kaïs Saïed sur le système judiciaire depuis que le chef de l’Etat a dissous le Parlement en 2021 et commencé à gouverner par décret, avant de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature – l’organisme chargé de nommer les juges.

Quarante personnes, dont des hommes d’affaires et des journalistes, sont poursuivies dans le cadre de cette affaire. Plus de vingt d’entre elles ont fui à l’étranger.

« Des traîtres et des terroristes »

Plusieurs hommes politiques ont été arrêtés en 2023 dans le cadre d’une répression des principaux opposants à Kaïs Saïed. L’ancienne cheffe de cabinet de Kaïs Saïed, Nadia Akacha, et l’ancien responsable des services de renseignement, Kamel Guizani, figurent parmi les accusés. Tous deux sont à l’étranger. « Nous sommes confrontés aux plus grands scandales judiciaires. C’est l’une des injustices les plus sombres de l’histoire de la Tunisie », a déclaré Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme.

Kaïs Saïed a déclaré en 2023 que ces opposants étaient des « traîtres et des terroristes » et que les juges qui les avaient acquittés étaient leurs complices.

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Les dirigeants arrêtés dans le cadre de cette affaire accusent le président tunisien d’avoir planifié un coup d’Etat en 2021 et dénoncent une affaire montée de toutes pièces pour étouffer l’opposition et instaurer un régime répressif. Ils affirment qu’ils préparaient une initiative visant à unir l’opposition fragmentée face au recul de la démocratie dans le pays qui a été le berceau des soulèvements des « printemps arabes » en 2011.

« Une affaire purement politique »

Chaima Issa, figure du Front de salut national, une des principales formations d’opposition de Tunisie, fait partie des huit personnes qui comparaissent libres devant le juge. « Ce procès est injuste et constitue une honte pour les autorités. Il s’agit d’une affaire purement politique à laquelle ont participé tous les dirigeants politiques », a-t-elle déclaré à Reuters avant l’audience. « Ce qui nous est reproché, c’est de nous opposer au régime. Je poursuivrai la lutte à tout prix », a-t-elle ajouté.

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La plupart des dirigeants des partis politiques en Tunisie sont en prison, y compris Abir Moussi, la cheffe du Parti destourien libre (PDL), et Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahda, emprisonnés depuis 2023 pour d’autres affaires.

Le Monde avec Reuters

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