Ces dernières années, on pouvait le croiser souriant et blagueur dans les salons du livre des villes de province. Sagement assis devant sa pile d’ouvrages (romans policiers, fresques historiques, essais sur les institutions, souvenirs), il était toujours le premier arrivé et le dernier parti. Sur sa table de dédicaces, il avait un stock de feutres bleus et rouges avec lesquels il dessinait sur la page de garde de ses livres une Marianne, un drapeau tricolore ou un bonnet phrygien, manière de rappeler combien il était attaché à la République, dont il était l’un des plus ardents défenseurs.
Jean-Louis Debré, qui est mort dans la nuit de lundi à mardi 4 mars à l’âge de 80 ans, goûtait ces rencontres avec ses lecteurs, anciens militants et sympathisants gaullistes pour la plupart, pour lesquelles il avait troqué le costume sombre pour une simple chemise et des jeans, rehaussés d’une écharpe bleue, la couleur de sa famille politique. Il aimait s’attarder avec eux et raconter des anecdotes drôles, souvent les mêmes, mais qui ravissaient ceux qui les entendaient pour la première fois. Quand il ne consacrait pas son temps à écrire ou à vendre ses livres, il montait sur les planches pour des spectacles de sa confection où il se donnait le premier et le beau rôle. Le monde politique regardait avec amusement cet aîné reconverti en saltimbanque qui ne manquait jamais d’égratigner la génération au pouvoir. Il acceptait aussi les invitations qu’on lui envoyait pour parler du gaullisme et des institutions, héritage dont il se sentait garant.
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