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Après des semaines de remise en cause, à l’initiative des Etats-Unis de Donald Trump, du lien transatlantique, un débat est enfin organisé, en France, à l’Assemblée nationale, le 3 mars, et au Sénat, le lendemain, sur « la situation en Ukraine et la sécurité en Europe ». Il faut espérer que la représentation nationale s’en saisisse enfin, après être restée sourde et muette face au bouleversement potentiel de l’architecture de sécurité à l’origine de la plus longue période de paix sur le continent européen, jusqu’à l’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie, il y a trois ans.

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Alors que le président Emmanuel Macron se démène sur ce front, les élus des partis représentés à l’Assemblée nationale ont, pour l’écrasante majorité d’entre eux, préféré se réfugier dans le déni et l’évitement des nouveaux défis auxquels le Vieux Continent est confronté. Ils sont tout juste parvenus, après plusieurs mois d’instabilité gouvernementale, à doter le pays d’un budget et d’une loi de financement de la Sécurité sociale qui ne réduisent qu’à la marge les déficits publics.

Divisés et focalisés sur l’élection présidentielle de 2027, ils n’ont guère préparé leurs électeurs au grand basculement qui est en train de se produire. L’absence des enjeux internationaux dans les débats préalables aux congrès que doivent tenir au cours des prochaines semaines Les Républicains, Les Ecologistes et le Parti socialiste est symptomatique.

Grand dessillement

Cette posture d’évitement n’est plus tenable aujourd’hui. L’humiliation infligée par Donald Trump au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, le 28 février, confirme un changement d’ère, qui prend de court les Européens.

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Légitimement inquiets, nos concitoyens doivent savoir quelle vision défendent les élus qui les représentent et sur quels alliés ils comptent s’appuyer. L’agression russe de 2022 n’a fait qu’entrouvrir ce débat, qui a fui la campagne des élections européennes tout autant que celle des élections législatives anticipées de juin 2024. La politique française reste en quête de sa « Zeitenwende », selon la formule employée dès le 27 février 2022 par le chancelier social-démocrate allemand, Olaf Scholz : pour lui, l’invasion de l’Ukraine, ébranlant les piliers de la stabilité allemande, ouvrait bien une « nouvelle ère », même s’il s’est avéré incapable par la suite de tirer une doctrine de ce constat.

Un grand dessillement est nécessaire, qui doit s’étendre également au monde de l’entreprise, aux partenaires sociaux, à la société civile, pour permettre une discussion sur des questions essentielles auxquelles l’ordre mis en place après la seconde guerre mondiale répondait. Il s’agit de paix, de guerre et de ce qu’elles impliquent en matière de priorités nationales, parmi lesquelles figurent également la réponse aux dérèglements climatiques et la préservation du modèle social français.

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L’obligation pour l’Union européenne d’assurer sa défense de façon autonome sous peine de disparaître va obliger la représentation nationale à redéfinir dans l’urgence ses priorités et à trouver les financements nécessaires. La délicate posture budgétaire dans laquelle se trouve le pays, le risque de ralentissement de l’activité induit par la politique protectionniste de Donald Trump ne vont pas faciliter la tâche. Raison de plus pour regarder les choses en face, sans retard ni défausse.

Le Monde

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