C’est un coup de sang qui pourrait coûter très cher à Paulo Fonseca, a fortiori dans un contexte d’union sacrée qui prévaut autour du corps arbitral du championnat de France de football, depuis quelques jours. L’entraîneur portugais de l’Olympique lyonnais (OL) a assisté depuis les vestiaires à la fin du match remporté par son équipe, dimanche 2 mars face au Stade brestois (2-1), pour le compte de la 24e journée de Ligue 1. Quelques instants plus tôt, dans le temps additionnel, il avait été exclu pour contestation par l’arbitre de la rencontre, Benoît Millot, avant de hurler à quelques centimètres de son visage. Ses joueurs avaient dû l’éloigner de l’officiel.
Paulo Fonseca, qui officiait pour la cinquième fois sur le banc rhodanien depuis son arrivée, à la fin de janvier, est sorti de ses gonds après la décision de M. Millot de consulter l’arbitrage vidéo pour un éventuel penalty en faveur de Brest – qui n’a finalement pas été accordé. Déjà très nerveux en première période, le technicien avait été averti d’un carton jaune (43ᵉ) pour avoir critiqué plusieurs choix de l’arbitre lors de la rencontre.
L’OL aura sans doute du mal à savourer cette victoire, qui lui permet pourtant de revenir à deux points du LOSC, actuel 5ᵉ au classement synonyme de qualification pour la Ligue Europa. Paulo Fonseca risque d’être très lourdement pénalisé par la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP). Le technicien est allé jusqu’à se retrouver tête contre tête avec M. Millot.
Le geste est loin d’être anodin et il survient de surcroît dans un contexte très particulier. Le 22 février, exaspéré par plusieurs décisions défavorables à son équipe, le patron de l’Olympique de Marseille (OM), Pablo Longoria, a déclenché une vive polémique en dénonçant la supposée « corruption » des arbitres français. Des propos dénoncés par l’ensemble du corps arbitral, ainsi que par plusieurs dirigeants du football hexagonal, dont le président de la Fédération française, Philippe Diallo, et par la ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative, Marie Barsacq.
Paulo Fonseca risque plusieurs mois de suspension
Le Phocéen a été suspendu pour quinze matchs par la commission de discipline de la LFP, mercredi 26 février. Paulo Fonseca pourrait subir une sanction du même acabit. L’entraîneur portugais, passé sur le banc du LOSC (2022-2024), s’est déjà montré sanguin et a été suspendu à plusieurs reprises, notamment en février 2023, après s’en être pris à Pierre Gaillouste, qui officiait lors d’un match entre Lille et Brest.
Cependant, il n’était jamais allé jusqu’à se rapprocher d’un arbitre front contre front. En mars 2016, Nabil Dirar, alors joueur de l’AS Monaco, avait été suspendu pour huit matchs pour un geste similaire à l’encontre de Tony Chapron. Le règlement disciplinaire sur lequel se base la LFP est cependant plus clément envers les joueurs que les entraîneurs et dirigeants.
Selon le barème de ce règlement, le « comportement intimidant ou menaçant », qui caractérise le mieux le coup de sang de Paulo Fonseca, peut être sanctionné de sept mois de suspension. C’est à partir de ce barème et en fonction du rapport que Benoît Millot lui transmettra que la commission de discipline prendra sa décision. Celle-ci sera certainement rendue publique mercredi, après la réunion hebdomadaire de l’instance.
En attendant de connaître sa sanction, Paulo Fonseca a reconnu, au micro de DAZN, qu’il n’aurait pas dû perdre son sang-froid : « Je m’excuse pour ce geste. Je ne devrais pas faire ça. Le football nous fait faire des gestes pas corrects. » Quelques instants plus tard, toujours au micro du diffuseur, Laurent Prud’homme, le directeur général de l’OL, a précisé que c’est l’entraîneur lui-même « qui a insisté pour venir s’excuser ».
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Et d’ajouter : « On sait le contexte du corps arbitral. On a voulu tout de suite apaiser les choses. Ce n’est pas l’image de l’Olympique lyonnais. Je ne suis pas fier de ce qu’il a fait, mais je suis fier de sa réaction. On s’excuse auprès de l’arbitre. Ça a été un beau match, on est contents de la victoire, mais c’est bien que Paulo soit venu et se soit excusé. » Pas sûr que ce mea culpa soit toutefois de nature à alléger la suspension prochaine du technicien.
Strasbourg poursuit sa bonne série, Rennes et Toulouse se baladent
Dans les autres matchs de la 24ᵉ journée de Ligue 1, dimanche, Strasbourg, 7ᵉ, s’est rapproché des places qualificatives pour les coupes d’Europe grâce à sa victoire sur la pelouse d’Auxerre (1-0). Invaincus depuis quatre rencontres, les joueurs de Liam Rosenior ont frappé fort en allant s’imposer sur la pelouse des Bourguignons, qui n’avaient plus perdu à domicile depuis dix matchs. Rennes a confirmé sa récente embellie avec une large victoire à Montpellier (4-0), la lanterne rouge, qui lui permet de se rapprocher de la première partie de tableau (11ᵉ). Toulouse s’est aussi largement imposé à Angers (4-0) et passe devant Lens, à la 8ᵉ place.