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C’est un point de rendez-vous immanquable des petites villes. Le bar du centre, avec ses parasols aux noms de marques de bière, ses habitués en photo derrière le comptoir. A Vierzon (Cher), c’est Le Fontenoy. C’est là qu’en avril 2011, Christophe, 47 ans, est venu boire son café après le déjeuner, pour la première fois. Il est né à Vierzon, et ce lieu, il le connaît par cœur. Mais d’habitude, il vient tôt le matin avant de commencer le boulot. Mathilde, 20 ans, est alors coutumière des après-midi. Elle travaille ici comme serveuse en attendant de commencer ses études. Ce jour-là, quand son regard croise celui de l’homme aux cheveux poivre et sel, elle manque de lui renverser le café brûlant dessus. Il pourrait s’agir d’un pitch de comédie romantique ; c’est en fait l’histoire des parents d’Inès, 10 ans, et d’Octave, 8 ans. Autour d’un déjeuner dans leur maison berrichonne, au milieu de travaux de peinture, ils reviennent sur leurs quatorze années d’union et leurs presque vingt-huit ans d’écart.
En dégustant un poulet à la tomate, Mathilde se souvient de leur premier baiser. Ici même, sur la terrasse attenante à la cuisine. A une époque où Christophe vivait une autre vie dans cette maison : il était marié depuis vingt-cinq ans, mais son couple ressemblait davantage à une cohabitation, laisse-t-il entendre. Le week-end du 1er mai, il est seul chez lui et organise un barbecue, invite des copains du café, dont Mathilde. Ce soir-là, leur duo se forme.
Quelques jours plus tard, alors qu’ils prennent la direction de La Rochelle pour leur premier week-end en amoureux, Mathilde panique. « Je me vois dans ce cliché du “sugar daddy” qui m’emmène au resto. Je me dis : “Non, je ne vais pas assumer.” Je lui dis : “Sors de l’autoroute, on va à Tours, on prendra un Ibis, de toute façon, on ne sortira pas de la chambre !” » Au moment de payer le péage, la carte d’identité de Christophe dépasse du portefeuille. Curieuse de le voir cheveux bruns, elle s’en empare et découvre sa date de naissance : 1963. « Je suis nulle en maths, mais ma mère est de 1966. Le calcul est vite fait : il est plus vieux qu’elle ! »
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