Amateurisme au sommet ou grosse affaire de corruption en perspective ? Depuis le début de la semaine, la placide armée helvétique connaît des secousses inédites qui éclairent d’un jour cru les manquements de l’institution. Lundi 24 février, le Contrôle fédéral des finances à Berne a révélé, dans un rapport, des failles béantes dans la gestion de l’entreprise publique d’armement Ruag MRO, détenue par la Confédération, tout en soulignant le laxisme de sa surveillance par les autorités de tutelle. Le document pointe l’opacité des opérations, une administration défaillante du stock, et les malversations d’un ancien cadre soupçonné de « gestion déloyale, escroquerie, faux dans les titres, violation du secret de fabrication, corruption passive et blanchiment d’argent » pour plusieurs dizaines de millions de francs suisses.
Au lendemain de ce choc initial, dans un pays peu coutumier des « affaires », une fuite dans la presse a rendu publiques les démissions conjointes du chef de l’armée, Thomas Süssli, et de celui des services de renseignement, Christian Dussey. Les deux hommes avaient pris leur décision il y a plusieurs semaines, sans que la ministre de la défense, Viola Amherd (parti Le Centre), juge bon d’en informer ses collègues du gouvernement, contrairement aux usages en vigueur.
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