Figure majeure du Nouveau Roman, Nathalie Sarraute (1900-1999) a légué au théâtre des questions de représentation auxquelles les metteurs en scène, toutes générations confondues, aiment se confronter. Les défis posés par son œuvre sont aussi nombreux que stimulants : comment exprimer les fameux tropismes de l’autrice ? Comment faire entendre les flux et reflux de sa langue ? Comment jouer cette écriture en évitant les raccourcis d’un jeu psychologique ?
En apparence banal ou quotidien, le style singulier de l’écrivaine est d’une complexité diabolique. Tapi dans les lignes de la page, aucun mot, aucun silence, ne peut être négligé par le théâtre. Tous doivent trouver leur espace-temps sur les scènes. En véritable compositrice de sa partition, Nathalie Sarraute a pesé au trébuchet les souffles, les virgules, l’entrechoquement des répliques et le rythme de celles-ci. L’ensemble forme une architecture redoutable. Tenus serrés et presque en laisse par l’autorité de la langue, les comédiens évoluent sur des pistes balisées qu’il s’agit de négocier en finesse.
Dans la petite salle du Lucernaire, à Paris, Sylvain Maurice a choisi de créer l’iconique Pour un oui ou pour un non. Le texte date de 1981. Ecrit pour la radio, publié en 1982, il n’a été joué, pour la première fois, qu’en 1986. Il est, depuis, le plus monté du répertoire de la romancière.
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