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Histoires Web mardi, février 25
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Alors que 130 victimes témoignent de violences vécues à Notre-Dame de Bétharram entre les années 1970 et le début des années 2000 – près de la moitié concernant des violences sexuelles –, le scandale frappant cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques s’étend au sommet de l’Etat. Face à la multiplication des accusations, le premier ministre, François Bayrou, ministre de l’éducation de 1993 à 1997, peine ainsi à convaincre de son ignorance des faits reprochés. Céline Béraud, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, a écrit, entre autres, Le Catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuels (Seuil, 2021) et Une religion parmi d’autres (PUF, 400 pages, 24 euros). Présidente de la commission d’étude sur les violences commises par l’abbé Pierre mise en place par Emmaüs, elle analyse les spécificités de cette nouvelle affaire.

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Comment l’affaire de Bétharram se singularise-t-elle, selon vous ?

Une fois encore, nous sommes bien face à une affaire qui concerne l’Eglise : Notre-Dame de Bétharram apparaît moins sécularisé que la moyenne des établissements catholiques, avec notamment la présence de religieux et de prêtres dans les effectifs, au moins jusqu’à récemment. Mais comme ce fut le cas avec l’abbé Pierre, cela déclenche une vague d’émotion qui dépasse largement les rangs des catholiques. Et cela s’inscrit dans un contexte profond de changement social, où l’on ne regarde plus avec les mêmes lunettes qu’avant les violences – en particulier sexuelles – et les humiliations entraînées par des rapports de domination touchant tous les milieux – il y a là notamment un effet du mouvement #MeToo.

Au-delà de ces éléments de continuité, il y a bien une singularité, car c’est le premier scandale d’ampleur qui frappe une école. La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise avait certes souligné, dans son rapport de 2021, que les prêtres enseignants étaient la deuxième catégorie de clercs où se trouvaient le plus de pédocriminels, derrière les curés. Mais elle semblait pointer une époque révolue, les années 1950 et 1960, où la présence de prêtres et de religieux dans les écoles était, contrairement à aujourd’hui, importante.

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