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L’agriculture produit des biens valorisés à leur prix de consommation – le plus bas possible, à en croire la grande distribution. De fait, le poids de l’alimentation dans le budget des ménages français a été divisé par deux depuis 1960. La fin de la pauvreté alimentaire : une volonté des « trente glorieuses » qui s’est concrétisée par une décorrélation entre les coûts de production agricoles et le prix payé aux agriculteurs. Comment ? Grâce à la politique agricole commune (PAC). Elle a permis de venir subventionner directement la production agricole, libérant les agriculteurs des logiques de marché et soutenant artificiellement des prix alimentaires bas. Nous en sommes encore ici aujourd’hui. Mais entre-temps le monde a changé.

La PAC, tout d’abord, a cessé de soutenir directement les quantités produites. Les agriculteurs ont perdu en soutien et sont devenus de plus en plus exposés aux prix que leurs acheteurs veulent bien leur payer. Ces mêmes prix se sont aussi internationalisés, financiarisés en partie, ce qui les rend imprévisibles, violemment variables.

La nature, également, a cessé d’être considérée comme exploitable à souhait. Des normes ont été édictées, sans que leur financement soit envisagé autrement que par les agriculteurs eux-mêmes. Le revenu des agriculteurs européens a diminué de 12 % par hectare en vingt ans, tandis que leurs dettes ont augmenté de 30 %. A mesure que les normes se multiplient, que le budget de la PAC baisse en euros constants, que les coûts de production augmentent et que le changement climatique sévit sur les rendements, l’équation économique agricole n’est plus soutenable pour de nombreuses filières, en particulier pour l’élevage bovin.

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Depuis 2016, la France a perdu 2,6 millions de bovins. Cet élevage souvent décrié repose sur le pâturage. Il est essentiel à la biodiversité, aux haies, aux zones humides. Il capte, par les prairies dont il assure le maintien, des milliers de tonnes de carbone. Le fumier produit par les animaux est indispensable à la santé des sols. L’élevage porte avec lui des milliers d’emplois dans les territoires. Pour autant, le manque de revenus, la baisse des aides, le défaut de considération sociale et l’exigence du métier tuent l’élevage en France.

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