En République démocratique du Congo (RDC), le procès de 84 soldats, accusés de meurtres, de viols et d’autres crimes contre des civils dans l’est du pays, s’est ouvert lundi 10 février. Ils sont accusés d’avoir fait irruption dans des maisons de civils dans plusieurs villages des territoires de Kabare et Kalehe, dans la province du Sud-Kivu, au cours du week-end. Ils auraient violé plusieurs femmes et tué au moins douze personnes, selon Pascal Mupenda, l’un des avocats des victimes. « Ils ont retourné leurs armes contre la population civile qu’ils étaient censés protéger, alors que l’ennemi était à nos portes », a-t-il déclaré à l’agence de presse Associated Press (AP), ajoutant que d’autres soldats seraient jugés dans les prochains jours.
Les soldats ont été traduits devant un tribunal militaire à Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu, lundi. La partie civile a demandé la peine de mort pour tous les accusés, alors que la RDC a levé en mars un moratoire de plus de vingt ans sur la peine capitale, une décision critiquée par les défenseurs des droits humains. La dernière exécution a eu lieu en 2003.
Zawadi Chapo Ombeni, un habitant de Kavumu, a déclaré avoir été battu et volé par des soldats alors qu’il s’apprêtait à fuir le village devant l’avancée des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). « Nous avons été volés par des militaires connus de l’Etat, qui sont au service de l’Etat, a-t-il dit à AP au téléphone. Nous demandons à l’Etat de nous indemniser parce que tout ce que nous avions a été volé par ces militaires. »
Ce procès se tient alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont réalisé d’importants progrès dans le Sud-Kivu, ces dernières semaines, après s’être emparés de la ville-clé de Goma, dans la province voisine du Nord-Kivu. Quelque 3 000 personnes ont été tuées et presque autant blessées depuis la fin de janvier. La semaine dernière, les rebelles ont annoncé un cessez-le-feu unilatéral pour faciliter l’aide humanitaire, mais le gouvernement congolais a ensuite qualifié cette annonce de « fausse communication ».
Les rebelles sont soutenus par quelque 4 000 soldats du Rwanda voisin, selon les experts de l’Organisationdes Nations unies. Ils constituent le plus puissant des quelque 100 groupes armés actifs dans l’est de la RDC, qui recèle de gisements de minerais indispensables à une grande partie de la technologie mondiale. Vendredi, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a créé une commission chargée d’enquêter sur les atrocités, notamment les viols et les exécutions sommaires, commises par l’armée congolaise et le M23 dans l’est du pays depuis le début de l’année.