Le regard que portent les Français sur la vie politique s’est singulièrement durci depuis 2024. Les niveaux de confiance dans les représentants du pouvoir exécutif ont clairement baissé, et ne sont nullement comparables à ceux que l’on trouve en Allemagne et en Italie. En France, seuls 23 % des enquêtés ont confiance dans le gouvernement, contre 38 % en Allemagne et 35 % en Italie. Et 27 % seulement ont confiance en François Bayrou, alors que 43 % des Italiens font confiance à Georgia Meloni et 53 % des Allemands à Olaf Scholz, malgré la poussée actuelle des forces d’extrême droite. La situation politique née de la dissolution de l’Assemblée nationale et de l’incertitude – sinon du chaos – qui ont suivi ont généré une critique qui va au-delà de la méfiance, laquelle, somme toute, permet encore d’espérer. Cette critique porte sur l’utilité de l’activité politique en tant que telle.
Sans doute l’attachement au principe démocratique est-il toujours très fort, mais sa mise en œuvre actuelle en France crée beaucoup de déception, et même de désarroi. En fait, les Français ont tout simplement honte de leurs responsables politiques. Ils les ont mis au banc des accusés. Les illusions d’une lecture parlementaire de la Vᵉ République se sont vite dissipées, et l’idée s’impose que l’efficacité de l’action publique prime sur des débats interminables et des manœuvres de coulisses qui n’ont même pas permis de faire voter un budget qui règle sérieusement les difficultés financières du pays. La confiance dans l’Assemblée nationale est revenue à son niveau le plus bas (24 %) tandis que 52 % considèrent que l’on ne peut pas être fier de notre système démocratique (42 % en Italie et 33 % en Allemagne). Seuls 28 % considèrent que la démocratie fonctionne bien, ce qui est le cas en revanche de 37 % des Italiens et de 51 % des Allemands.
C’est encore en France que l’idée selon laquelle « en démocratie rien n’avance, il vaut mieux moins de démocratie et plus d’efficacité » obtient son score le plus haut (48 %), en progression par rapport aux années précédentes. De même, l’idée de recourir à un « un homme fort qui n’a pas besoin des élections ou du Parlement » obtient également le soutien de 41 % des enquêtés, une proportion qui n’avait pas été atteinte depuis 2017.
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