Natan et Anna (les prénoms des enfants ont été modifiés) ont 8 ans. Tous deux sont inscrits au conservatoire de musique de leur ville, l’un dans une commune de Seine-Saint-Denis, l’autre à Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Le premier joue du piano, la seconde du saxophone. A la réunion de rentrée en deuxième année de pratique, les consignes données aux parents sont claires : « L’enfant doit travailler au minimum une demi-heure par jour, sinon ce n’est pas la peine qu’il vienne en cours », expose le professeur de piano. « L’enfant doit jouer tous les jours, mais pas plus de dix minutes, sinon vous risquez de le dégoûter », avertit, pour sa part, le professeur de saxophone. Deux salles, deux ambiances.
Un trimestre plus tard, Anna raconte qu’elle prend « beaucoup de plaisir à jouer » et qu’elle est « toujours contente » de se rendre en cours. Natan, après des larmes, des cheveux arrachés sous l’effet du stress et une phrase lâchée comme une bombe (« parfois, je me dis que je préférerais être mort que d’aller au cours de piano »), a jeté l’éponge. Sans pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Il a voulu poursuivre son apprentissage, « mais sans la pression du conservatoire ». Il aime son nouveau professeur, qui est d’ailleurs un étudiant du conservatoire de Paris. Le petit garçon apprécie ses encouragements, ses explications et le fait de pouvoir discuter des partitions avec lui. Si sa mère se réjouit d’avoir les moyens financiers de lui offrir des cours privés, elle regrette que tout ait pu dérailler si vite : « L’année précédente, il aimait y aller, il travaillait sérieusement et avait de bonnes appréciations. Comment en est-on arrivé là ? »
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