Les Forces armées maliennes ont annoncé, samedi 8 février au soir, poursuivre « les terroristes, auteurs de l’attaque contre l’escorte » civile survenue la veille, dans le nord du pays, et qui a fait une trentaine de morts. Des opérations de ratissage ont déjà permis de retrouver « dix-neuf corps de terroristes abandonnés » ainsi que des armes, ont-elles affirmé.
L’attaque, qui a visé un groupe de plusieurs dizaines de véhicules, a eu lieu, vendredi, à Kobé, à une trentaine de kilomètres de la ville de Gao, dans une région régulièrement secouée par les violences et où l’armée a récemment mené des opérations antijihadistes.
Dans un communiqué, samedi soir, l’état-major général des armées a attribué l’attaque à « un groupe de plusieurs terroristes ». « Pendant les combats, les terroristes repoussés dans leur repli ont délibérément ciblé des passagers civils », affirme l’état-major, ajoutant que trois véhicules ont été atteints « causant la mort de vingt-cinq civils » et en blessant treize autres, « majoritairement des jeunes orpailleurs étrangers » qui se rendaient dans une mine d’or de la région de Gao.
Embuscade
Plus tôt samedi, un bilan a fait état de « trente-deux morts civils et militaires », selon un élu local sous couvert d’anonymat. Ce bilan a été confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) par une source au sein d’une ONG locale.
« Les djihadistes ont tendu une embuscade, vendredi, entre Gao et Ansongo à un convoi de civils escorté par des militaires maliens et les mercenaires [russes] Wagner », avait auparavant rapporté, à l’AFP, un autre élu sous couvert d’anonymat. Un rescapé de l’attaque, blessé à la tête, a déclaré à l’AFP avoir vu « des hommes armés surgir ». Ils « ont commencé à tirer sur le convoi des deux côtés. Il y a eu beaucoup de morts dont des policiers et des militaires », a-t-il dit.
« D’après un transporteur rescapé, les djihadistes ont tendu une embuscade à l’escorte et ont ouvert le feu sur tout le monde sans distinction pour faire le maximum de victimes », a détaillé un responsable d’un syndicat malien des transporteurs sous couvert d’anonymat.
Selon un autre élu du nord du Mali, au moment de l’attaque les militaires maliens et les forces de Wagner se trouvaient dans « une dizaine de véhicules » chargés de « sécuriser le convoi de passagers civils » qui comptait « vingt-deux minibus, six gros bus et huit camions ». « Au moins cinq camions ont été détruits par les djihadistes de [l’organisation] Etat islamique [EI] », a-t-il dit à l’AFP. L’attaque n’avait pas été immédiatement revendiquée.
Arrestation d’un chef du groupe Etat islamique en janvier
L’axe routier Ansongo-Gao, dans le nord du Mali, a été le théâtre, ces derniers mois, d’attaques attribuées aux djihadistes ou à des bandits qui dépouillent notamment les civils.
Restez informés
Suivez-nous sur WhatsApp
Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne du « Monde Afrique »
Rejoindre
Début janvier, l’armée malienne avait affirmé avoir arrêté « un chef de premier plan » du groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS) et tué plusieurs de ses combattants dans une opération dans la même région de Gao. L’armée a présenté l’homme arrêté, Abou Hach, comme un « terroriste longtemps recherché et connu des services de renseignement pour sa responsabilité et la coordination des pires exactions et abus contre les populations dans la région de Ménaka et Gao ainsi que les attaques contre les Forces armées maliennes ».
Le Mali est en proie, depuis 2012, à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaida et à l’EI ainsi que de groupes criminels communautaires. Ce pays sahélien est dirigé par une junte militaire depuis deux coups d’Etat en 2020 et en 2021.
Depuis qu’ils ont a pris le pouvoir, les militaires ont rompu la vieille alliance avec l’ancienne puissance dominante française et se sont ensuite tournés militairement et politiquement vers la Russie. Mais les attaques djihadistes mettent à mal la rhétorique de la junte, qui affirme que sa stratégie de rupture, ses nouveaux partenariats étrangers et un effort militaire accru ont permis d’inverser la tendance face aux djihadistes.