« Vous ne mordez pas ? » Ce lundi de janvier, un petit groupe de militants associatifs a invité la presse au fin fond des quartiers est de Marseille. Ces représentants de comités d’habitants et de collectifs environnementaux s’opposent à l’implantation d’une plateforme logistique dans la zone commerciale La Valentine (11e arrondissement), où la circulation est déjà un enfer. Quand déboulent Sébastien Delogu et son mètre quatre-vingt-quinze, dans cette circonscription qui n’est pas la sienne mais aux mains d’une députée Rassemblement national (RN), un frisson parcourt les têtes blanches qui forment le gros de l’attroupement. Et lorsque l’élu La France insoumise (LFI), costume bleu et pardessus sombre, tend vigoureusement la main, la question fuse, sans filtre. « Vous ne mordez pas ? »
La réputation du député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône le précède partout où il se déplace. En un peu plus de deux ans, celui qui représente depuis juin 2022 la moitié des quartiers nord de Marseille au Palais-Bourbon est devenu l’une des personnalités politiques les plus clivantes du pays. L’homme que Jean-Luc Mélenchon a baptisé « le député du peuple », cristallise autant de haine que d’amour. Près de 1,5 million de personnes le suivent sur X. Environ 72 000 fans sont abonnés à sa chaîne Instagram, qu’il gère seul. Ses déclarations sur la possibilité de confier à d’ex-dealeurs la vente du cannabis légalisé comme ses inoffensifs clips TikTok où il caresse un chaton déclenchent torrents d’insultes et de soutiens.
Pour ses adversaires politiques, dans le Sud comme à Paris, l’« insoumis » incarne toutes les dérives de son mouvement. Et aucun ne manque l’occasion de placer le nom de l’épouvantail Delogu dans une interview. « Je suis le député à abattre, constate-t-il. Mais, si je ressemblais à M. et Mme Tout-le-Monde en politique, je serais invisible. Je suis le vrai Marseillais, qui a une grande gueule et ne se laisse pas faire. »
Il vous reste 89.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.