« Cette voiture est formidable, mais je vais la revendre. » Croisé un vendredi soir sur la station de recharge de l’aire de La Réserve (Yonne), sur l’autoroute A6, ce propriétaire d’une Tesla Model 3 blanche, « adepte de la voiture électrique par conviction », laisse libre cours à une colère froide contre Elon Musk. « Entre son soutien à Trump et son espèce de salut nazi, c’est allé crescendo, ces derniers temps. Alors, pas question que je continue, même indirectement, à donner de l’argent à ce personnage dont je ne veux plus entendre parler », déclare-t-il avant de reprendre place, sourcils froncés, derrière le volant, en attendant que sa voiture ait récupéré suffisamment d’autonomie pour continuer sa route vers les sports d’hiver.
S’entretenir avec des propriétaires de Tesla, c’est souvent être pris à témoin d’un conflit intérieur. La marque américaine qui a transformé l’ingrat véhicule électrique en une voiture efficace, chic, moderne et désirable n’inspire plus la fierté, mais une sensation amère où se mêlent culpabilité et ressentiment à l’encontre d’un businessman visionnaire passé du côté obscur pour se transformer en activiste d’extrême droite. C’est un peu comme s’il leur fallait conduire avec Elon Musk installé sur la banquette et occupé à diffuser des infox complotistes sur X. « J’ai acheté une histoire cool – celle d’une marque de voitures pour gens sympas et, c’est vrai, “friqués” –, mais, aujourd’hui, on m’en raconte une toute autre. Celle d’un dangereux extrémiste qui a pété les plombs et dont il faudrait que je finance les délires », s’offusque Raphaël Charton, à la tête d’une société de production et fidèle de la marque depuis sept ans.
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