« C’est le pilote ? — Non, c’est l’autre. » Olivier est devenu « l’autre » dans la bouche de ses parents lorsque son frère aîné a commencé ses études de pilote de ligne, alors que lui suivait un cursus pour devenir ingénieur, un métier « assez banal ». A 55 ans, il est resté « l’autre » et se présente souvent comme tel, par habitude, à chacune de ses visites dans sa ville d’enfance. « Aujourd’hui encore, quand j’y croise des personnes, on me pose cette question, c’est quasi systématique. Désormais, j’en ris ; mais, plus jeune, cela m’a blessé », dit-il d’un ton mi-amusé, mi-désabusé.
Sans colère, Olivier (il a souhaité rester anonyme, comme les autres témoins de cet article) considère que ses parents n’ont pourtant jamais voulu le « rabaisser ». « Inconsciemment, ils mettaient plus en valeur mon frère. Quelle satisfaction de dire lors d’un dîner que leur fils était pilote ! Ils essayaient parfois de mettre en avant mes études, mais cela faisait souvent long feu », se souvient-il. « Est-ce dû à l’admiration générale pour cette profession, ou au fait que mes parents ont plus valorisé mon aîné que moi ? Un peu des deux, je pense », analyse Olivier, qui a compris que cela ne changera pas, et fait avec.
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