Après quinze journées d’audience, longues et souvent touffues, et au premier tiers du procès sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, le tribunal met lentement en place les pièces du puzzle de l’accusation. Une image commence à se dessiner, bien qu’encore très imparfaitement.
Les treize prévenus risquent tous dix ans d’emprisonnement, Nicolas Sarkozy au premier chef – sauf Eric Woerth, sous le coup d’un an de prison seulement pour financement illégal de campagne. L’ancien chef de l’Etat est accusé d’avoir conclu dès 2005 « un pacte de corruption » avec Mouammar Kadhafi, par le biais de ses proches, Claude Guéant, Brice Hortefeux, et une longue série d’intermédiaires.
Naturellement, Nicolas Sarkozy le nie hautement, avec une énergie inépuisable – sans doute un peu ébranlée par le bracelet électronique qu’on lui a posé vendredi 7 février, après sa condamnation définitive dans l’affaire Bismuth. La plupart des dignitaires libyens, dont Kadhafi lui-même, son fils, le premier ministre d’alors, les divers patrons des services secrets, le ministre du pétrole retrouvé noyé dans le Danube ; tous ont assuré avec un bel ensemble en 2011 que la Libye avait payé la campagne du candidat à l’élection présidentielle, certains d’entre eux en détiendraient les preuves et même des enregistrements. « S’il y avait le moindre enregistrement, on l’aurait à un million d’exemplaires, a protesté une fois encore l’ancien président de la République le 5 février. Je suis un peu lassé quand même qu’on me dise qu’il existe un financement et des preuves partout, sans qu’on m’en mette une seule sous le nez. »
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