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L’administration Trump promettait de longue date un bras de fer juridique avec les Etats « sanctuaires », protégeant les migrants. Jeudi 6 février, le ministère de la justice a déposé une plainte contre l’Etat de l’Illinois et la ville de Chicago, qui tous deux ont à leur tête un démocrate, réclamant l’annulation de lois locales qui interdisent à la police d’arrêter des personnes en fonction de leur statut d’immigration et limite les informations qu’elle peut partager sur les immigrants avec les autorités fédérales.

Grâce à ces lois, des immigrants « présentant des menaces importantes pour la sécurité nationale et la sécurité publique (…) trouvent refuge, loin des forces de l’ordre fédérales, dans les soi-disant villes sanctuaires », accuse la plainte. L’administration Trump estime que ces lois sont inconstitutionnelles, car, aux Etats-Unis, l’immigration est une compétence du gouvernement fédéral.

Le premier mandat de Donald Trump avait déjà été marqué par de nombreuses batailles judiciaires entre son administration et les Etats et les villes « sanctuaires ». Ces juridictions, pour la plupart démocrates, se comptent par dizaines aux Etats-Unis, avec en tête de file la Californie. Le milliardaire républicain, qui veut profiter de son retour au pouvoir pour conduire une campagne d’expulsions massives, a promis de longue date de les traîner devant les tribunaux.

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« Des sanctuaires pour les criminels »

« Les villes “sanctuaires” sont des sanctuaires pour les criminels », a insisté jeudi Tom Homan, le responsable de la politique d’expulsions de M. Trump. « Nous allons demander des comptes. » M. Homan a battu en brèche les arguments des associations de défense des migrants en faveur des politiques des Etats et des villes « sanctuaires ». Selon elles, ces lois renforcent la sécurité globale, car elles permettent aux immigrés témoins ou victimes de crimes de collaborer avec la police locale sans avoir peur d’être expulsés.

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Pour lui, ces lois empêchent surtout la police fédérale d’interpeller des immigrants en situation irrégulière avec un casier judiciaire à leur sortie de prison. « C’est vraiment de la merde, parce que les victimes et les témoins d’actes criminels ne veulent pas que des menaces à la sécurité publique soit relâchées dans leurs communautés », a-t-il asséné. « C’est juste ridicule. »

Un porte-parole du gouverneur de l’Illinois, J. B. Pritzker, a assuré, jeudi, que l’Etat a « hâte » de régler cette affaire au tribunal. « Au lieu de travailler avec nous pour soutenir les forces de l’ordre, l’administration Trump rend plus difficile la protection du public, tout comme elle l’a fait lorsque Trump a gracié les criminels violents reconnus coupables » d’avoir envahi le Capitole à Washington le 6 janvier 2021, a-t-il rétorqué.

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Nouveau revers judiciaire sur le droit du sol

Par ailleurs, M. Trump a vu jeudi la justice américaine s’opposer une nouvelle fois à sa tentative de remettre en cause le droit du sol – qui accorde la nationalité américaine aux personnes nées aux Etats-Unis, à de rares exceptions près. Dès le premier jour de son mandat, le président avait signé un décret revenant sur ce principe consacré par le 14e amendement de la Constitution américaine et appliqué depuis plus de cent cinquante ans aux Etats-Unis.

Mais un juge de l’Etat de Washington a bloqué indéfiniment l’application de ce décret sur tout le territoire américain, jeudi, après l’avoir suspendu de manière temporaire il y a quelques jours. Cette décision intervient au lendemain d’une décision allant dans le même sens prise par une autre juge fédérale du Maryland.

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« Il devient de plus en plus évident que pour notre président, l’Etat de droit n’est qu’un obstacle à ses objectifs politiques », a tonné le magistrat, John Coughenour, lors d’une audience à Seattle. « Je refuse de laisser s’éteindre ce principe phare », a-t-il poursuivi, en dénonçant une manœuvre « clairement inconstitutionnelle » pour modifier la Constitution américaine par un simple décret présidentiel. « La Constitution n’est pas un instrument avec lequel le gouvernement peut jouer à des jeux politiques », a-t-il tancé, en rappelant que, si M. Trump veut la modifier, il doit passer par le Congrès. Amender le texte fondateur des Etats-Unis requiert l’approbation des deux tiers des parlementaires, à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat, ce que les républicains ne sont pas en position d’accomplir.

Le Monde avec AFP

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