Printemps 2024, Nouvelle-Calédonie. Des coups de feu, des brasiers, des routes bloquées, et la peur. Dans un climat tendu, Boulouparis, commune rurale située à 75 kilomètres au nord de Nouméa, reçoit l’onde de choc du mouvement indépendantiste qui vient d’éclater, le 13 mai 2024, dans l’agglomération.
Deux barrages, puissants, cernent cette petite ville de brousse et vont longtemps l’isoler. L’un d’eux est érigé à 300 mètres de la gendarmerie d’où l’on entend, nuit et jour, des détonations. La sortie de secours située à l’arrière de la caserne, un gué sur la rivière, est obstruée par des arbres abattus par les militants. Dans la brigade territoriale, la tension est maximale.
Celui qui la commande, Sébastien P., originaire de Nouvelle-Calédonie, est un caldoche de La Foa, marié à une métisse kanak. Rompu au terrain local, « Babass », comme tous le surnomment dans le coin, n’a pas son pareil pour traquer les voleurs de bétail. Mais le 13 mai le replonge dans les « événements » de la quasi-guerre civile des années 1984-1988, qu’il a vécus. A sa petite troupe – trois autres sous-officiers, deux épouses et trois enfants mineurs –, l’adjudant-chef assure qu’à l’époque des militants kanak auraient violenté des familles de gendarmes, et qu’il faut se préparer à subir le même sort.
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