Un an et demi après l’un des pires naufrages survenus en Méditerranée, dans lequel plus de 600 migrants ont perdu la vie au large de Pylos (sud de la Grèce), le médiateur du citoyen grec (l’équivalent du Défenseur des droits français) publie un rapport de 158 pages accusateur pour les autorités grecques. L’instance indépendante a recueilli 5 000 documents et a interrogé une dizaine d’officiers de la police portuaire, dont le commandant du navire qui est intervenu lors du naufrage. Elle conclut qu’il existe « des indications claires de la culpabilité » de huit garde-côtes, qui avaient été avertis bien avant leur intervention de la présence d’un chalutier surchargé près des côtes grecques et du danger que cela représentait pour les passagers. Selon le communiqué du médiateur du citoyen, leur inaction a mis en danger la vie de centaines de migrants en provenance de Libye. Sur les plus de 700 exilés syriens, pakistanais, égyptiens, seuls 104 ont survécu.
Les jours suivant le drame du 14 juin 2023, les témoignages des survivants pointent également du doigt le remorquage, avec une corde, effectué par les garde-côtes grecs et affirment que cette action est à l’origine du chavirement de l’embarcation. Les enquêtes journalistiques, dont celle du Monde, révèlent que les gardes-côtes ont mis plus de quinze heures avant d’intervenir sur le lieu du naufrage malgré les signalements d’une ONG, Alarm Phone, et de l’agence européenne de surveillance aux frontières, Frontex. Le médiateur du citoyen grec, Andreas Pottakis, confirme ces éléments dans son rapport et parle d’une « série d’erreurs graves et répréhensibles dans les tâches de recherche et de sauvetage de la part d’officiers supérieurs de la police portuaire grecque ».
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