Samedi 18 janvier, celui qui n’était pas encore président des Etats-Unis a annoncé la mise sur le marché d’une nouvelle cryptomonnaie, le $trump. Il s’agit d’un meme coin, un actif financier purement spéculatif, qui à la différence du bitcoin ne repose sur aucun travail informatique garantissant sa rareté. Donald Trump a simplement mis en vente des jetons (tokens) sans contrepartie autre que… son image.
Plus précisément, ses experts et proches – dont son « tsar » David Sacks, chargé dans son administration de l’intelligence artificielle et des cryptomonnaies, mais aussi le milliardaire Elon Musk –, ont créé un fonds de 1 milliard de jetons. Ils en ont mis 200 millions sur le marché et conservé 800 millions, qui seront mis en vente durant les trois années à venir. Le cours a immédiatement explosé, passant de 6 dollars (5,84 euros) à plus de 70 dollars l’unité durant le week-end. Le lendemain, l’épouse du président a réédité l’opération avec le $melania. S’agit-il d’une simple provocation dont le président a l’habitude ? Entend-il prendre sa part dans le marché juteux des cryptomonnaies ? Ou lance-t-il un ballon d’essai pour une opération monétaire d’envergure ?
L’explication par la provocation est loin d’être sans fondement. Le fait de mettre sur le marché un meme coin et non une cryptomonnaie classique va dans ce sens. On sait, en effet, que les meme coins ont souvent un aspect humoristique, comme le dogecoin d’Elon Musk, à l’image d’un chien. Parfois, ils n’ont qu’un but promotionnel ou social, et non financier. On peut interpréter ainsi la double émission du président et de la première dame : ce ne serait qu’un jeu. Mais je pense que la provocation va au-delà et qu’elle vise un opposant à la politique économique de Donald Trump : le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, qui entend défendre l’indépendance de la banque centrale.
Donald Trump lui montrerait ainsi sa puissance en créant un autre dollar, dérisoire : un $trump à son image, avec la légende « fight, fight, fight ». « Le règne de la terreur contre les cryptos est terminé », a lancé David Sacks le 20 janvier, s’adressant, lui, plutôt au directeur de la Securities and Exchange Commission, le gendarme de la Bourse aux Etats-Unis. La volonté d’échapper aux systèmes de contrôle et aux contre-pouvoirs est manifeste. Donald Trump signifie également à l’industrie de la crypto qui est le nouveau patron.
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